1. Hallucination - Billevesée et Gaudriole !


    Datte: 24/09/2019, Catégories: fh, fff, confession, fantastiqu, sorcelleri, fantastiq, Auteur: Laure Topigne, Source: Revebebe

    ... vigoureusement pointés en avant, une coupe entre les mains. Devant de tels arguments, pouvais-je tergiverser ? Je pris le cratère et le vidai d’un trait de son amer breuvage.
    
    Aussitôt le monde parut basculer tandis que je fus aspiré dans une sorte de goulet obscur où il me sembla glisser de plus en plus vite.
    
    Une angoisse terrible m’y étreignit et je suffoquai avant de soudain me retrouver en pleine nature dans un paysage buissonnant. Käthe, qui ne s’était rhabillée que de sa seule chemise était là à m’attendre. Elle prit ma main et me conduisit entre de grands étangs fangeux aux odeurs putrides. Les miasmes en sus, cela me remémora cette promenade qui, il y avait fort longtemps, au bord de l’Andlau, me l’avait pour la première fois attachée comme amante.
    
    La nuit tomba sans transition et je devinai au loin les lueurs d’un grand brasier. Il fallait être dément pour illuminer ainsi une scène qui devait rester secrète. Nous nous approchions et plusieurs fois Käthe négocia notre passage avec des ombres armées de bâtons et de dagues et portant toutes une trompe destinée sans doute à sonner l’alarme. Sur un chemin malaisé et glissant, serpentant entre de fétides fondrières, nous progressions lentement par cette nuit sans lune avec juste une branche de résineux enflammée en guise de torche pour nous éclairer faiblement. Au dernier contrôle, j’entendis Käthe déclarer à l’une de ces sentinelles que c’était moi que l’on attendait. Dès lors je fus entouré d’un groupe de femmes ...
    ... en haillons qui me marquèrent une extrême déférence.
    
    On me demanda de me mettre torse nu puis me badigeonna avec un produit qui me sembla être du charbon pulvérulent, incontestablement inapte à écarter les moustiques qui me dévorèrent tout au long de la soirée. On m’affubla d’un phallus démesuré en cuir, dressé vers la nuit et fixé autour de ma taille par des sangles tressées dans le même matériau. Sur ma tête on disposa un casque orné de deux énormes cornes spiralées, celles d’un bouc assurément, puis on ajusta un masque sur mon visage. Enfin sous l’une de mes bottes, on fixa une épaisse cale de bois ce qui eut pour conséquence de me faire claudiquer. Durant ces préparatifs, Käthe s’était éclipsée. Déguisé de la sorte, on me poussa en avant et je débouchai bientôt sur la grève d’un petit étang dessinant une ellipse. En cette période de la fin d’été, les eaux en étaient au plus bas et dégageaient une vaste plage d’argile durcie en forme d’entonnoir et les lieux prenaient ainsi la configuration d’un amphithéâtre.
    
    Sur ses rivages brûlaient de nombreux feux autour desquels s’affairaient des silhouettes sombres en guenilles. Au-dessus de certains pendaient de gros chaudrons et je me dis qu’on préparait ripaille. Enfin deux brasiers plus conséquents éclairaient l’une des extrémités du point d’eau. Ils encadraient une table dressée à la façon d’un autel et, en retrait de quelques pas, une sommaire estrade où étaient disposées deux chaises curules entourées de flambeaux. Mon ...
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