Le trouble...
Datte: 23/09/2019,
Catégories:
f,
fh,
inconnu,
parking,
caférestau,
douche,
cérébral,
revede,
Voyeur / Exhib / Nudisme
Masturbation
nopéné,
exercice,
confession,
portrait,
Auteur: Cheminamants, Source: Revebebe
... souffle il y dépose un nuage de buée. De son doigt il trace ensuite lentement un point d’interrogation. Troublée, j’ouvre ma portière.
— Donnez-moi votre main.
Un frisson, je me souviens… le baisemain…
— Non.
Il fait attention de ne pas me toucher. Nous entrons dans le pub.
— La place au fond de la salle ?
— Oui, je veux bien.
Nous enlevons manteau et blouson. Il me présente galamment la chaise qui se trouve contre le mur. Nous sommes installés de chaque côté de la petite table de bistrot et lorsque la commande est servie, du café pour lui et du thé pour moi avec du miel, il ne reste que l’immobilité et le silence entre nous, contrastant avec le brouhaha des clients et leur va-et-vient.
Je soupire, ne sachant quoi dire. Il soupire aussi. Je place mes deux mains sur la table, puis je caresse machinalement ma soucoupe avec délicatesse, d’un doigt souple. Il en fait de même avec la sienne, d’un geste masculin. Puis un sourire, comme ça, parce que je me sens bien, juste à l’instant. Son sourire en retour, franc, agréable… pour moi. Ses dents sont blanches et régulières, ses lèvres sont minces, surtout la supérieure. Je suis songeuse. Je pense à des mordillements sur celle-ci pour que le sang la gonfle et la rende plus goûteuse. Il regarde ma bouche sans aucune gêne, tout comme moi la sienne. Troublant, un désir… de je ne sais quoi, celui qui n’a pas besoin de mots, mais qui est perceptible, presque palpable, inexplicable.
Puis il se penche vers moi, ...
... puis… je me penche vers lui. Un nouveau sourire, ensemble cette fois-ci, l’un pour l’autre, mais le mien est tremblant. Je mordille ma lèvre en espérant qu’il fasse de même pour que je découvre la rougeur qui gagnera sa lèvre, comme après un baiser, celui que je ne lui donne pas. Il déglutit. Je sens quand un homme est troublé et lui… que va-t-il faire de mon trouble, celui que je ne lui cache pas ? Nous restons ainsi, nos visages si près l’un de l’autre, pour nous regarder, pour nous deviner et pour comprendre ce qui nous arrive.
Je ne me reconnais pas ; sans doute le contrecoup de ce que j’ai vécu tout à l’heure. J’étais loquace et je voulais mourir. Maintenant je ne dis plus rien et je veux me sentir bien plus que vivante. Puis il me murmure comme pour me confier un secret :
— Je m’appelle Bernard, j’ai quarante-huit ans et j’aime les orchidées. Mon surnom, c’est Jean-Jean.
— Sandra. Lesquelles ? Pourquoi ?
— Jean-Jean, c’est parce que j’ai deux frères plus vieux que moi, qui s’appellent Jean-François et Jean-Pierre, et petit je me plaignais souvent : « Eux, ce sont des Jean, Jean, pourquoi pas moi ? ». Un jour, ma mère en a eu plus que marre de m’entendre, alors elle m’a dit : « Puisque c’est comme ça, maintenant je vais t’appeler Jean-Jean ! ». C’est resté.
Pour l’orchidée, il y en a une qui me vient à l’esprit, c’est laBakeria skineri, parce qu’elle est comme vous. Pour la ravigoter, elle a eu besoin d’un peu de miel dans de l’eau pendant quelques heures. Puis la ...