1. Le dernier des Gédail


    Datte: 01/09/2019, Catégories: nonéro, délire, Humour Auteur: Domi Dupon, Source: Revebebe

    ... récupéré. D’après ce salaud, pas par amour. Non ! Ma tante pouvait pas avoir de minots, et un garçon, ça serait bien pour aider à la ferme.
    — Il avait raison ?
    — Pourquoi ? Mes parents m’aimaient, ça j’en suis sûr ! Pour le reste, on n’a jamais vraiment su. Mais à partir de ce moment, je ne l’ai plus regardée pareil. Avoir envie de coucher avec Leïla qui pouvait être ma sœur ! J’étais pas un pédophile !
    — Elle avait quel âge ?
    — Comme moi ! Puisqu’on était jumeaux. Mais elle est morte et j’suis encore là !
    — Elle est morte ?
    — Arrête de me couper la parole, j’perds le fil. Oui, à cause de cette enflure de Vador et aussi un peu des nazis ! Tu parles que j’ai refusé de l’aider. J’ai tout raconté à Leïla et à Jan. Tu parles si il bichait, celui-là. Il était jaloux de moi. Et là, pouf ! Grâce à l’autre bordille, il avait la voie libre. C’était des conneries, j’étais le fils de bouseux qu’habitaient une ferme pourrie à Tataouine, et elle, ses parents appartenaient à la grande bourgeoisie de la ville et créchait dans un château (une princesse, je vous ai dit). Y’aurait pas eu la guerre, on ne se serait probablement jamais rencontrés. Y’avait quand même un truc, elle a réussi à le faire avouer à ses parents avant que les nazis les aient aussi occis : elle avait vraiment été adoptée.
    — Et ?
    — Ben, on s’est dit que peut-être… On s’était déjà rendu compte qu’on avait pas besoin de parler pour se comprendre, de sentir des trucs à distance… comme les jumeaux. Les derniers ...
    ... mois, on avait même l’impression de communiquer sans parler. Ça nous a fait réfléchir. Pas trop car on voulait surtout se battre, et depuis la mort de nos parents, on avait la rage.
    — Et ça a mal fini pour vous ?
    — Pour eux, pas pour moi, malheureusement. Jan, il était plutôt pour qu’on se fasse la malle. Maintenant que je ne lui faisais plus de l’ombre, ils nous auraient bien vus prendre le large pour un pays ensoleillé loin de la guerre. En plus, il avait quelques problèmes avec des créanciers qu’il avait estampés, notamment une espèce de poussah libanais propriétaire de plusieurs clandés sur la côte. Lui aussi avait un nom impossible : Jamel, non… Jamal Lahuch… Lahi… Lehu… Lahutt… Enfin, Jamal quelque chose… ma mémoire n’est plus ce qu’elle était. Fallait qu’il change d’air. Il s’est résolu à nous suivre, mais plus pour les beaux yeux de Leïla que pour la cause. Fait soif, vous trouvez pas ?
    — Marius, un autre. Que s’est-il passé ?
    — On voulait bouffer du Boche. Alors on en a bouffé. Au début, on s’est contentés de suivre les ordres. J‘ai continué à faire passer des gens en Espagne. Mais ça ne suffisait pas à notre princesse. Elle rêvait d’actes héroïques, de délivrer le pays à elle toute seule. J’étais aussi fada qu’elle. Jan essayait de nous raisonner mais il suffisait d’un regard d’une caresse pour qu’il rende les armes. On faisait les cacous, et un jour on a dépassé les bornes des limites. On a voulu attaquer la Kommandantur de Marseille. Avec le camion de Jan, on a ...