1. Une illusion parfaite par Christine François-Kirsch


    Datte: 27/08/2019, Catégories: Entre-nous, Les femmes, Auteur: Mia-michael, Source: Hds

    ... avait traînée. Je m'en souviens parfaitement. C'était un de ces soirs où j'avais envie de rester chez moi, sous la couette, sur la couette, peu importe. Mais avec ma couette. Elle m'avait tannée, allez, viens, j'ai deux places, ça a l'air marrant et puis ça m'évitera de ressasser l'histoire avec l'autre bras cassé. Allez viens.
    
    Elle avait tellement insisté, m'avait eue par les sentiments. Elle venait de se séparer de son copain, moi j'étais seule alors, ou plutôt très accompagnée mais rien de régulier et quotidien. Je m'en foutais, j'avais 25 ans. Le temps.
    
    La rencontre avec Davide avait eu lieu devant la billetterie. Assez simplement. Nous nous étions regardés. Il avait souri. Moi aussi. M'avait dit bonsoir. J'avais répondu bonsoir. Nous nous étions encore souri.
    
    Banal.
    
    Après le spectacle, il m'avait attendue, m'avait re-souri, me demandant si j'avais aimé le spectacle, si j'aimais le café-théâtre, et le théâtre en général. Et m'invitant à venir avec lui à une pièce de Shakespeare qui se jouait la semaine d'après.
    
    Ce que je refusai, n'étant pas à Florence alors. Mais je l'invitai à me retrouver pour boire un verre dans l'un des bars de la ville que je préférais, une dizaine de jours plus tard.
    
    — On verra si vous y serez. On verra bien.
    
    Et je tournai les talons, partant avec ma copine.
    
    Elle, se retourna pour me dire :
    
    — Il ne te lâche pas des yeux. T'as pêché gros !
    
    Très calmement, je lui assénai ceci :
    
    — Écoute, je viens de rencontrer ...
    ... l'homme de ma vie.
    
    Elle éclata de rire.
    
    — Bien sûr, en rêve ma belle ! Si tu crois que ça se passe comme ça, dans la vraie vie. Tu vas trop au cinéma !
    
    Je la laissai parler.
    
    Avec Davide, nous nous revîmes le jour j, à l'heure H et dans le bar que je lui avais indiqué. Notre premier moment fut agréable, naturel. C'était lui. J'étais certaine de cela. Une évidence. Une impression de le connaître depuis toujours. Il était à la fois émouvant, subtil, séduisant, drôle. Il me semblait libre, différent des autres hommes. J'avais aimé quand il m'avait saisi la main. C’était serein, convaincu, et sa peau m'électrisait. Me remplissait.
    
    Nous décidâmes d'un premier déjeuner en terrasse, puis d'une vraie première rencontre.
    
    "Grande, assez fine, très souriante, décidée. En pantalon, sur de hauts talons. Un joli collier sur un chemisier blanc. Que ce chemisier lui allait bien. Lui donnait un air de sévérité, d'autorité, de sagesse aussi. Le col relevé sous ses longs cheveux finit de me faire chavirer.
    
    Je lui tendis la main, comme à l'habitude. Mais Francesca me saisit de sa main gauche et m'attira très naturellement à elle pour m'embrasser. Un geste de vraie timide qui ose. Ça peut paraître idiot, à dire ça, mais quand sa peau entra en contact avec la mienne, je ressentis vraiment un choc électrique.
    
    J'ignore à propos de ce premier moment si Francesca ressentit la même chose. J'avoue n'avoir jamais pensé à le lui demander.
    
    Le déjeuner fut joyeux, débordant de ...
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