Les nuits de Paris - Histoires de Sexe

Les nuits de Paris

... heure, un bonhomme est venu te demander.
— C’est qui ?
— Je ne le connais pas ; personne ne le connaît ici.
— Ah !
— Mais, jeune homme, j’ai connu tellement de gens que je sais faire la différence dès le premier regard entre un bon et un mauvais. Et celui-là, vraiment, je ne pense pas qu’il soit bon à fréquenter !

L’homme était grand et plein, avait un costume et une valise diplomatique en dépit de l’étouffante chaleur qui régnait en ce début d’après-midi. Il était coiffé d’un chapeau noir incliné sur son front et portait de grandes lunettes de soleil qui masquaient une grande partie de son visage. Il m’avait attendu pendant une demi-heure. Il était trop vieux pour être un ami d’enfance dont j’ai perdu trace, trop élégant pour être un agent de police en civil. Ce qui est certain, c’est qu’il n’a pas plu à Si Zoubir.

— Il est parti en disant qu’il reviendrait à minuit. Comme je t’ai dit, il va falloir se méfier de lui. Et puis, surtout pas de grabuge au salon : cela suffit avec les filles, hier.

Intrigué, je reprends mon job au fond du salon, dans la salle aveugle où se mélangent les parfums des narguilés. J’ai déjà une dizaine de commandes en souffrance.

Dans l’attente de minuit, le temps s’écoule avec une lenteur surprenante. Comme si chaque minute veut durer une éternité. Comme si chaque seconde est animée d’une volonté propre, celle de me voir souffrir dans l’attente de cet inconnu.