1. La rupture


    Datte: 12/08/2025, Catégories: fh, Collègues / Travail rupture, Auteur: Femmophile, Source: Revebebe

    ... à reconnaître les chants d’oiseaux, à lire les traces des animaux de la forêt, il était incollable sur la nature. En fin de journée, j’ai repris ma voiture et suis rentrée chez moi.
    
    Roland était parti, ses armoires et placards vidés, une enveloppe était posée sur notre lit. J’ai hésité à la jeter sans l’ouvrir, mais je n’ai pas pu.
    
    Je me suis assise au bord du lit, secouée, à la fois par le ton plutôt réaliste et par les propos que je ne pouvais nier : je n’avais rien fait moi non plus pour éviter cette situation, et je ne maîtrisais pas du tout les conséquences de ce que je voulais provoquer. Mais, je devais rester prudente et ne pas céder au chantage affectif, une arme de destruction massive au sein des couples en déshérence.
    
    Toute proposition mérite réponse, alors j’ai rédigé un SMS laconique :
    
    Dire que j’ai mal dormi est un doux euphémisme, et prétendre que la nuit porte conseil ne prévaut que pour ceux qui n’en ont pas besoin. Au petit matin déjà, je tournais en rond dans la maison silencieuse. Devais-je, oui ou non, accepter un entretien avec Roland ? Est-ce que je risquais de m’y faire embobiner par cet habile négociateur ? Il avait su faire plier des Chinois lors d’âpres discussions, il n’avait sans doute pas peur de moi. Par contre, il ne connaissait pas mes exigences ni mes prétentions, elles n’étaient d’ailleurs pas claires pour moi, cette incertitude devait lui déplaire, car elle ne lui permettait pas d’élaborer une stratégie de défense.
    
    Je me ...
    ... suis refusée à demander conseil à Bertrand, voulant le garder en dehors de mes démêlés sentimentaux et bientôt juridiques.
    
    Après avoir listé les arguments en faveur de cette ultime entrevue et ceux qui s’y opposaient, j’ai décidé d’accepter. En effet, partant du principe que tout accusé a le droit d’être entendu, j’étais d’accord d’écouter ce que Roland avait à me dire. Le lundi matin, j’ai donc envoyé un bref message à mon époux.
    
    Roland a accusé réception de mon message presque aussitôt. Le parc Diderot est un grand jardin public, avec des bassins, des chaises à disposition un peu partout, et en semaine il est peu fréquenté, nous y serions donc tranquilles pour « discuter ».
    
    Je suis restée à la maison en télétravail le mardi matin, souhaitant avoir le temps de me préparer à cette drôle de rencontre avec mon mari que, il faut bien le dire, j’avais littéralement foutu dehors sans sommations, ce qui avait l’air de l’avoir marqué.
    
    Sans même savoir pourquoi, j’ai choisi mes vêtements avec soin, une élégante robe bleue que nous avions achetée ensemble, quelques discrets bijoux offerts par Roland, et j’avais attaché mes cheveux en chignon un peu négligé, dégageant ma nuque, que Roland adorait embrasser avant de me faire l’amour lorsque cela lui plaisait encore. Souhaitais-je, inconsciemment, lui plaire encore ?
    
    Je l’ai vu arriver, plutôt élégant dans son style sport chic, mais je m’étais juré de ne pas baisser ma garde face à ses éventuelles roucoulades.
    
    — Bonjour, ...
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