1. La révolte des démunis


    Datte: 05/08/2025, Catégories: sales, nonéro, mélo, portrait, Auteur: Melle Mélina, Source: Revebebe

    ... de l’homme et les chrétiens s’en accommodaient. Voyant qu’elle ne l’avait pas ébranlée, elle revint à son attaque en règle sur l’argent et maudit les bourgeois qui vénéraient le « Dieu Pognon ».
    
    Pourquoi vouait-elle une telle antipathie pour les personnes qui, souvent par peur du manque, cherchaient à être rassurées quant à leur avenir financier ? Ces bourgeois, qu’elle haïssait de manière épidermique, ne méritaient-ils pas un peu de sympathie ? Sa réponse était nette et tranchante comme une lame de rasoir : non. Un « non » qui ne supposait aucune contradiction.
    
    Lucas était scénariste pour la télévision, son job consistait notamment à écrire les dialogues des candidats des télé-réalités. Il lui arrivait parfois d’écrire de formidables chefs-d’œuvre d’intelligence, c’était lui qui avait fait dire à Nabila :
    
    Une idée lumineuse, il faut bien le dire. Cette phrase avait rendu la candidate multimillionnaire. Lucas avait bien compris que les téléspectateurs étaient des cochons qu’il fallait nourrir de restes, au mieux de détritus. Plus c’était con, plus les gens s’appropriaient les paroles.
    
    En bon génie du PAF qu’il était, c’était lui qui était à l’origine du programme « Les Chtis contre les Marseillais », programme qui laissa dans le cœur des ménages – ou plutôt dans le cerveau – un grand vide intersidéral, mais qui ravit tous les investisseurs et producteurs qui gravitaient autour de l’audiovisuel.
    
    Aujourd’hui, il avait eu une nouvelle fulgurance : « le ...
    ... programme trottoir ». Il était sûr de son projet, il était sûr qu’il se ferait un max de thune. Il ne lui resterait plus qu’à investir dans l’immobilier et vivre de ses rentes.
    
    — Doucement, doucement, Lucas ! lui dit sa cheffe productrice.
    
    Elle le mit en garde quant au caractère polémique que susciterait à coup sûr cette émission.
    
    Qu’importent les critiques ou les débats, les candidats répondaient à l’appel et beaucoup de « bobos » étaient prêts à payer pour participer à cette télé-réalité.
    
    Effectivement, très vite l’émission remporta un succès populaire sans précédent, et bien sûr le porte-monnaie de Lucas se remplit de façon exponentielle, car le fric appelle le fric. Les débats autour du Trottoir étaient nombreux et souvent enflammés et plus ils étaient décriés, plus cela renforçait le succès. Certains téléspectateurs regardaient par curiosité et se laissaient bercer par le scénario terriblement efficace. Ils avaient beau ne pas être d’accord, ils étaient néanmoins devant leur écran ; ils avaient beau critiquer, ils n’auraient pour rien au monde raté le moindre épisode.
    
    Parmi les critiques et autres chroniqueurs, beaucoup se faisaient le chantre des traîne-misère, et Lucas, pour donner plus de piment à son concept et sûrement pour faire taire certaines critiques qui touchaient les consciences, cherchait un bon porte-parole. C’est ainsi qu’il entendit parler pour la première fois de la clodo, celle qui se faisait appeler à présent la SuperTramp.
    
    Il alla à sa ...
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