Quand résonne le bourdon
Datte: 31/07/2019,
Catégories:
fh,
hdomine,
historique,
policier,
Auteur: Claude Pessac, Source: Revebebe
... indiscrète, derrière la cloison, lorsque le "Maître" avait tenté, un an plus tôt, de me cuisser ? Combien, depuis ce Nouvel An donc, où, généreuse, je t’ai absous de ta curiosité et offert quelque aperçu de mes talents et de ma reconnaissance ? Combien en as-tu comptés ? Au-cun ! Pas un depuis ce temps, pas d’autres que toi, depuis l’An Neuf ! Ne comprends-tu pas que ta tendresse, ta délicatesse me sont mille fois plus précieuses que les boniments fades et les fanfaronnades brutales des balourds du coin ? Crois-tu vraiment que je serais femme à ne venir te voir que pour ta flamberge, si gourmande que j’en sois ! Alors, bonhomme, cette fois, c’en est trop, il faut te découvrir : ou tu m’offres la dernière chose que tu m’as toujours refusée, ou tu restes à croupir dans ton antre à te besogner tout seul !
Là, sans feindre aucunement, l’homme reste interdit, ne sachant réellement pas ce que lui demande la jeune femme. Les yeux écarquillés, il hausse les épaules, secoue la tête en signe d’incompréhension. Si elle s’amuse de cette franche ignorance, Sylvette n’en laisse rien paraître et conserve son air faussement furibond :
— Faquin, tu ne vois pas ? Tu n’y entends donc rien ? Vraiment ?
Les yeux ronds et l’air ahuri du colosse sont par trop comiques pour que Sylvette y résiste ; un petit sourire attendri, un clin d’œil et la donzelle glisse dans un souffle :
— Donne-moi tes lèvres, idiot, donne-moi ta bouche !
N’osant y croire, le bonhomme ne sait que faire. Le ...
... cœur en chamade, il se remémore les instants passés avec Sylvette depuis le nouvel an : c’est toujours elle qui a mené la danse, pris toutes les initiatives, dirigé leurs ébats, imposant ses désirs avec autorité, lors de leurs époustouflants mais presque brutaux corps à corps. Arbogast avait eu jusque-là le sentiment d’être simplement utilisé par elle, d’être une marionnette, mais trop heureux de l’aubaine, ne s’en était jamais ouvert. Bien sûr, il en crevait de devoir refouler ses sentiments, bien sûr, il brûlait d’amour pour la fraîche et indomptable jeunesse, mais il avait admis son sort et refoulé toute marque de tendresse. Alors, que la jeune femme lui déclare ses sentiments, qu’elle lui offre son cœur est si… Si…
Le souffle chaud de la jeune femme vient balayer sa bouche, les grands yeux noirs d’habitude pétillants et moqueurs se sont adoucis, quémandent, interrogent. La jeune femme a perdu sa superbe : son regard implorant est celui d’une femme amoureuse, inquiète d’être rabrouée, tremblant d’être rejetée. Aussi, lorsque l’homme lui tend enfin sa bouche, elle y plaque avec fougue ses lèvres frémissantes : une houle puissante de bonheur tranquille parcourt son corps, chavire son esprit, emballe son cœur et aiguise ses sens…
oooOOOooo
— Le Comte Ulrich a continué à boire après le départ de Dame Kirsten. Un tonneau de bière a été mis en perce, et il y a fait honneur, accompagnant ses pintes, selon la tradition, de petits verres de schnaps !
Le chevalier von ...