1. Quand résonne le bourdon


    Datte: 31/07/2019, Catégories: fh, hdomine, historique, policier, Auteur: Claude Pessac, Source: Revebebe

    ... soir. Les venaisons donnent soif et il ne s’est pas retenu d’étancher cette altération avec les vins clairets et sucrés de votre vignoble. S’échauffant, il s’est permis, sur l’une ou l’autre des servantes, quelques privautés inconvenantes… Inconvenantes eu égard à la présence à son côté de sa jeune épouse. Dame Kirsten en a pris ombrage, lui adressant quelques remarques acerbes. Le Comte s’est alors emporté et Dame Kirsten, furieuse, a quitté le banquet.
    — À quel moment Dame Kirsten s’est-elle retirée ? demande l’abbé.
    — … Le repas a commencé entre Vêpres et Complies(Nota : Vêpres : ~18h00 ; Complies : ~21H00) et si je me souviens bien, Dame Kirsten s’est retirée aux trois quarts de la première chandelle(Nota : ~ 22h30).
    — Et que s’est-il passé après le départ de Dame Kirsten ? reprend le moine.
    — Les agapes se sont poursuivies et même, ont pris… tournure plus leste. Bière et schnaps ont remplacé le vin, et de gaillardes coquines délurées se sont jointes à la fête. Le Comte s’en est accaparé deux pour lui. Il a bruyamment honoré la première, puis, marquant la pause, il a entraîné son voisin dans un défi de beuverie qu’il a vaillamment remporté. Mais de plus en plus soûl, il n’a pu profiter des appâts de sa seconde compagne. Il venait tout juste de la basculer sur la table, l’avait à peine troussée, qu’il s’est brutalement effondré sur elle, l’étouffant à moitié. Son écuyer et le seigneur Khalweber sont intervenus pour dégager la gaillarde et rasseoir le Comte. D’aucuns ...
    ... ont tenté de le réveiller. Peine perdue ! Affalé sur son siège, les chausses sur les mollets, le Comte ronflait comme un sonneur. Il a donc été décidé de le porter en ses appartements. Avec trois compagnons, nous nous sommes acquittés de cette tâche. Le Comte Ulrich a été installé en son lit, nous lui avons ôté ses chausses mais laissé son surcot. Notez que lors de son transport et de la mise au lit, le Comte n’a jamais interrompu ses ronflements, complètement assommé qu’il était par les mélanges de breuvages divers qu’il avait avalés.
    — Ainsi donc, Sa Seigneurie s’est laissée faire sans broncher, sans réagir aucunement… Et quelle heure pouvait-il être alors ? demande l’abbé
    — Matines(Nota : minuit) ont sonné alors que nous sortions de la chambre.
    
    Augustus réfléchit quelques instants avant de s’adresser à nouveau au chevalier :
    
    — Et ensuite, vous vous êtes tous retirés, laissant le Comte ainsi, seul en sa chambre, avec sa garde devant la porte ?
    — Parfaitement mon Père, admet le chevalier. Nous avons d’ailleurs, pour être précis, dû attendre le retour du garde : c’était justement l’heure de la relève. Cette attente, et l’intermède du Comte, avaient brisé l’entrain et chacun s’en est rapidement allé rejoindre… son alcôve…
    
    Une certaine hésitation transparaît dans la voix du chevalier sur ses derniers mots. Le Père Augustus a perçu cette gêne subite et, se doutant de la raison de cette soudaine pudeur, le prieur insiste :
    
    — Ce que vous avez fait vous-même ?
    
    Mal à ...
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