Mourir d'aimer, ou presque (1)
Datte: 09/06/2025,
Catégories:
fplusag,
jeunes,
profélève,
init,
rencontre,
prof,
Auteur: Geg Folie, Source: Revebebe
... que le samedi en fin de matinée, pour repartir le dimanche soir. Vous savez, la vie n’est pas toujours facile : je suis souvent seule, j’élève ma fille seule, je dois m’occuper de tout ici, mais il joue son plan de carrière, je n’ai pas le choix, à défaut de pouvoir l’aider, je me dois de le soutenir !
Lorsque je vois que ses yeux s’humidifient légèrement, je fonds et me colle un peu plus à elle. Mais elle se ressaisit très vite et se remet debout immédiatement, presque brutalement :
— Gérard, excusez ce moment d’égarement et oubliez-le s’il vous plaît ! Je vais chercher ma fille à la danse, il est temps de nous quitter !
— Je comprends madame.
Je me lève et me dirige vers l’entrée où elle m’accompagne. Au moment où je veux prendre congé, je tends la main pour la saluer, mais à ma grande surprise, elle s’approche de moi, pose une main sur mon avant-bras et me dépose un baiser furtif sur la joue, tout près des lèvres, en murmurant :
— Pardon, oublie ça et sauve-toi vite, petit garnement, tu me ferais dire des bêtises !
J’ai des ailes : nous nous sommes frôlés, touchés, elle m’a embrassé et tutoyé ! C’est gagné, non ? Oui, mais quand même elle s’est ressaisie. Nouvelle tempête dans ma tête, vague, contre vague, espoir, désespoir. C’est dur à vivre. Et deux semaines sans la voir dans son intimité, je ne vais pas supporter. Deux semaines ? Enfin, sauf si… Avant d’entrer à l’EN, je m’arrête juste en face, à la MJC, consulte le programme et constate avec joie que ...
... le spectacle de sa fille a lieu ici, et comble du comble, il est gratuit. C’est décidé, j’irai.
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6 mai 1970 : le mercredi soir arrive. Douche, shampoing, petit brushing et je me mets sur mon 31. J’ai cogité : les parents vont sûrement arriver tôt pour être bien placés. Je suis devant la MJC de bonne heure, me donnant une contenance, faisant mine de flâner, de regarder les affiches. Pour être sûr de ne pas la rater, je me place sur le perron d’entrée. Les spectateurs arrivent par petits groupes, lorsqu’enfin, la voilà ; je devrais dire plutôt « les voilà », mais sans que j’y puisse quoi que ce soit, je zoome sur elle. Divine ! Elle porte un superbe tailleur de couleur prune, avec un haut plutôt court, style « spencer ». L’échancrure de l’encolure laisse entrevoir un corsage « paille » dont le col déborde et couvre les revers du spencer. Elle ne m’a pas encore vu, mais deux détails me sautent immédiatement aux yeux : son visage est totalement fermé, comme si elle entrait en cours, et elle semble distante avec le monsieur qui l’accompagne. Non, ce n’est pas son mari, il a l’air tellement vieux. Ils ne se regardent pas, ne se parlent pas, ne se tiennent même pas la main. Non, ce n’est pas possible, ce n’est pas son mari.
Ils commencent à monter les quelques marches qui nous séparent lorsqu’elle relève la tête et que son regard croise le mien. Je ne le crois pas ! Son visage passe instantanément de l’ombre à la lumière. Elle franchit la dernière marche, saisit ...