Quatre petites chansonnettes - Histoires de Sexe

Quatre petites chansonnettes

... Calme-toi, Béatrice. On peut parler posément, comme deux adultes intelligents. Oui, c’est vrai, j’ai couché avec Arlette. Mais je ne t’avais jamais trompé. C’est une erreur, je le regrette et je regrette que tu le prennes comme ça.
— Ah ouais ! Parce qu’en plus il faudrait que je sois contente, peut-être ? Non mais je rêve, j’hallucine, je cauchemarde.
— Mais non, mais je ne dis pas ça. Je veux simplement dire que ce n’est pas si grave, un coup de canif dans le contrat de mariage, une fois, tout le monde passe par là…
— Tout le monde ? Eh bien tant pis pour eux. Moi c’est niet ! Moi je suis peut-être très conne, mais je suis droite, claire, fidèle à mes engagements. J’aurais pu te tromper vingt fois par jour si j’avais voulu, pourtant je ne l’ai jamais fait, moi.
— Je n’en doute pas, gaulée comme tu es…
— Je t’ai dit ne t’approche pas ! C’est foutu pour toi, mon gars. Tu peux garder tes compliments pour d’autres, Arlette par exemple. Moi, c’est terminé.
— Mais enfin Béa, regarde, on a pourtant une belle vie, une maison sympa, de bons boulots. Et puis je te jure que c’est la première fois que je te trompe.
— C’est ça, et pas avec n’importe qui, bien sûr, avec ma meilleure amie. En gros ça ne sort pas de la famille, ça ne compte pas, c’est ça hein ? Eh bien si ça compte, c’est même pire pour moi, c’est double trahison, double peine. C’est peut-être la première fois, et ça reste à prouver, mais c’est la dernière. Ma voiture est prête, j’y ai empilé toutes mes affaires, ...

... nous n’avons plus rien à nous dire. Au passage, tu as été minable ce soir, je t’ai connu meilleur en rhétorique. Pour la suite, tu t’adresseras à mon avocat. Adieu !

Elle est partie en claquant la porte. Celles des placards, des armoires, des meubles de salle de bain étaient grandes ouvertes, tous vidés de ses affaires. Je ne sais pas comment elle a pu loger tout ça dans sa petite voiture, rien que le maquillage et les produits de beauté devaient remplir le coffre. Grosse boule à l’estomac, grand vide autour de moi, et la nature a horreur du vide, surtout la mienne. Une chose est sûre, ce n’est pas Arlette qui le comblera.

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Buvons encore une dernière fois, ça m’fait d’la peine mais il faut que je m’en aille. (All right, man ! )

C’est moche cet endroit. C’est moche parce que ça se veut joli, chaleureux, et que ça ne l’est pas, c’est froid. Ça ressemble presque à un amphi de fac, en plus petit. Ils sont venus, ils sont tous là, même ceux du sud, de Normandie et puis d’ailleurs, de la région surtout. Là, au milieu, il y a mes enfants avec leur mère et mes petits enfants. Mais pourquoi ont-ils amené ces pauvres gamins ? Ils ne savent pas trop quoi penser ni quoi faire, ces mômes. Sûrement une idée de mon ex, elle fonctionnait par obsessions. Période bio, période marche, période natation, période yoga, période végétarienne, période végane… Là j’ai dit stop, on arrête les conneries, moi j’ai faim ! On a divorcé. Après tout, elle a peut-être eu raison pour les ...