Quatre petites chansonnettes
Datte: 08/06/2025,
Catégories:
fh,
fffh,
nostalgie,
portrait,
Auteur: Roy Suffer, Source: Revebebe
... goût sucré entretenu par des reliquats entre mes quenottes, je dandinais d’un pied sur l’autre, ne sachant comment aborder ma couturière de mère pour obtenir la piécette convoitée. Toujours pressée par une robe à livrer le soir même, elle ne me prêta guère attention. Oui mais je savais où elle rangeait son porte-monnaie : dans son sac à main, et le sac à main dans l’armoire de la chambre du fond. Inutile donc de déranger la cousette affairée, j’allais me servir seul et je le lui dirai quand elle sera plus disponible.
J’ouvris discrètement la porte de l’armoire, de même pour le sac à main. Le porte-monnaie résista plus longtemps car ces deux petites boules frottant l’une contre l’autre résistaient à mes petits doigts. C’est à ce moment que mon paletot devint soudain très étroit. Je me sentis décoller de terre, mes bras et mes jambes battirent l’air et je me retrouvai, manipulé par une grosse paluche, nez à nez avec des sourcils froncés et une tête des mauvais jours. Papa ! Trop occupé, je ne l’avais pas entendu arriver.
— Qu’est-ce que tu faisais, petit voleur ?
J’aurais bien voulu répondre, expliquer que je n’avais pas l’intention de voler car les mots de « petit voleur » me firent plus mal que la plus cruelle des fessées. Mais j’étais étouffé, à la fois par la poigne qui me suspendait et les sanglots qui montaient irrépressiblement.
— Tu m’entends, mon garçon, c’est la première et la dernière fois que je t’y prends, sinon gare à ton matricule.
C’était une de ...
... ses expressions, réminiscence de service militaire peut-être, mais surtout parce que dans « matricule » il y a « matri » et… Ma mère accourut, alertée par les vociférations de la grosse voix. Avec sa douceur légendaire, elle me calma, apaisa mon père et écouta mes raisons. Elle m’apprit que prendre sans demander, c’était voler, même si on vous l’aurait volontiers accordé. J’en ai fait un principe pour le reste de ma vie. D’autant que chaque matin, avant de partir à l’école, elle me glissait une pièce de deux francs dans la main, petite rondelle d’aluminium pleine de délicieuses promesses.
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C’est toujours comme ça la première fois. (Quand Lama fâché, Lama cracher ! )
Bal de promo, c’est le grand jour de l’année étudiante. On a un slogan, un credo, un espoir : « au bal, j’emballe ! ». Replaçons-nous dans le contexte : majorité à 21 ans, la pilule on en parlait mais… elle n’était pas « en vente dans tous les monoprix » comme chantait Antoine. Il fallait être majeur, avoir une ordonnance et un accord parental. Aussi les filles, à part un peu de pelotage et quelques baisers profonds, c’était ceinture. Ou alors, comme deux garçons de ma promo, c’était être papa à vingt piges et tout le monde dans la merde. La grande liberté des années soixante-dix en province, pour être honnête, j’ai pas trop vu.
Donc pour ce grand soir, on avait tout bien organisé. Le débat a été rude pour le choix de l’orchestre entre Peter Woodman, bons musicos mais chanteuse pourrie, et ...