Quatre petites chansonnettes
Datte: 08/06/2025,
Catégories:
fh,
fffh,
nostalgie,
portrait,
Auteur: Roy Suffer, Source: Revebebe
J’ai voulu mettre dans vos têtes
Quatre petites chansonnettes
Accompagnant quatre historiettes,
Ponctuant la vie imparfaite
D’un être humain toujours en quête
De plaisir, d’amour, de conquêtes.
°o0O0o°o0O0o°
Toute première fois, tou-toute première fois-ahhh (Quand Jeanne masse est-ce que Sarah bande ? )
J’étais minot. Et quand je dis minot, ça veut dire tout petit, une crevette de six ans. La rentrée des classes venait de se faire depuis une semaine, le premier octobre comme c’était à l’époque. Car la France était encore essentiellement agricole et on avait besoin de bras. Aussi les vacances d’été commençaient juste avant les moissons et se terminaient juste après les vendanges. J’étais rentré au CP… seulement pour une journée ! Eh ouais, j’avais appris à lire sur le journal, juché sur les genoux de mon grand-père pendant sa lecture quotidienne.
— C’est quoi ça pépé ? Et ça ? Et ça fait quoi ? Ah d’accord…
Bien, sauf que je ne savais pas écrire, sinon recopier les gros titres en lettres bâtons au crayon de bois. Je ne vous dis pas la douleur de passer à la sergent-major avec les lignes, les pleins et les déliés ! Vingt et unième sur quarante-huit au premier trimestre, grimace. Neuvième au second, espoir. Premier au troisième, content. Mais pour l’heure, je n’en étais encore qu’à me tartiner les doigts à l’encre violette.
J’avais déjà un copain, Denis, dont le père était serrurier près de chez moi. Nous allions donc à l’école ensemble et sur ...
... le chemin, il y avait une boutique, lieu de tous les désirs et de toutes les voluptés. Eh non ! Pas une boutique de dessous féminins qui nous auraient tout au plus fait ricaner. Une boutique de… bonbons ! Il y en avait des tonnes, de toutes les couleurs, rouges, verts, jaunes, marrons, noirs, roses, dans des bocaux, emballés, en vrac, et même, même, des fils pour faire des scoubidous ! Quand la porte s’ouvrait, ça sentait bon le Carambar, le Roudoudou, la réglisse, la menthe, le caramel… Nos glandes salivaires nous en envoyaient de pleines giclées. Et un jour, Denis est entré dans la maison du bonheur. Il a sorti de sa poche une pièce de cinq francs et nous sommes repartis avec cinq caramels à un franc, toutes petites choses carrées avec autant d’emballage que de caramel.
Là, il faut que je précise : je vous parle d’un temps que les moins de soixante ans ne peuvent pas connaître. Le franc en ce temps-là, appelé « ancien franc » par rapport au « nouveau franc » apparu le premier janvier 1960, valait juste 100 fois moins que son successeur. Il faudrait 655,957 anciens francs pour faire un euro ! Ou, pour un euro, on aurait à peu près et en négociant bien 656 caramels à un franc ! Un rêve pour le dentiste !
Mon copain Denis me donna deux caramels et garda les autres pour lui. Ça collait au papier, aux doigts, aux dents, mais quel délice furtif ! En bon camarade, je voulus rendre la politesse à ce copain, passé soudain au grade d’ami. Rentré chez moi, avec dans la bouche ce ...