Bonne élève
Datte: 23/05/2025,
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Auteur: Roy Suffer, Source: Revebebe
... toujours une bonne « mauvaise raison ». C’était ça l’important.
— Peut-être… Et alors, ce concours ?
— Arf ! C’est le moment que ma mère a choisi pour développer un magnifique cancer. Alors… l’hôpital, tenir la maison, s’occuper de mon petit frère, de mon père… je ne vous fais pas de dessin. J’étais inscrite, je ne suis même pas allée le passer. Et c’est comme ça que je me retrouve à l’Office du Tourisme, à répéter sans cesse la même chose, parfois en anglais, pour un SMIC. Pas cher payé pour une licence, mais je ne me plains pas, j’ai un temps complet, pas comme certaines copines qui sont caissières, pardon « hôtesses de caisse » à temps partiel qu’elles ne gèrent même pas. À disposition.
— Oui, je sais… Tout ça, c’est bien moche. Allez, passons à table.
— Volontiers, ça sent bon !
Elle est maintenant plus à l’aise, pas empruntée, et débarrasse la table basse comme si elle était la maîtresse de maison, posant tout sur le comptoir de la cuisine ouverte. Elle est grande, déliée, avec une élégance certaine dans ses gestes et sa démarche. Ses vêtements un peu flous ne montrent guère ses formes qu’il faut deviner au hasard d’une attitude ou d’un mouvement. Elle demande si elle peut m’aider, je lui confie les petites assiettes de l’entrée, terrine maison sur un lit de salade du potager. Je lui propose de terminer la petite bouteille de champagne en mangeant, elle accepte en rosissant ses pommettes sous sa peau mate. Elle est vraiment très jolie. Et ses yeux…
— D’où te ...
... viennent ces yeux extraordinaires ?
— Ha ha ! Pas si extraordinaires que ça.
— Tout de même. Bleus pailletés de vert, ou le contraire… c’est vraiment étonnant.
— Je crois que c’est le contraire. Ils sont verts comme beaucoup de femmes kabyles, car ma grand-mère était kabyle, exilée au moment de la guerre d’Algérie et mariée à un français, Monsieur Rosier, mon grand-père. Le bleu vient de ma mère qui était blonde aux yeux bleus, Française de souche.
— Le mélange est étonnant.
— Et ils changent avec le temps, plus foncés quand il pleut, plus clairs quand il fait beau.
— Magnifiques ! Vraiment.
— Merci.
Nous passons ensuite au plat de résistance, nouvelle surprise pour elle.
— Hum… Délicieux ! Mais qu’est-ce que c’est ? C’est fondant, goûteux à souhait, un régal…
— Ce sont des joues de porc cuites au cidre, tout simple et pas cher. Au départ, je voulais faire une rouelle, et puis j’ai trouvé ça. J’en ai profité.
— Une « rouelle » ? Qu’est-ce que c’est que ça encore ?
— C’est une tranche de viande crue dans la cuisse du porc, du jambon, en somme, mais ni séché ni cuit en jambon blanc. C’est le meilleur du porc et curieusement pas cher du tout. Pour cinq euros, tu as un kilo d’excellente bidoche très maigre. Et on peut faire un tas de trucs avec : du rôti, des grillades, haché en Parmentier… Par exemple, c’est la viande de porc que j’ai utilisée pour ma terrine, avec du lapin.
— Et ce n’est pas cher ?
— Non, vraiment. Je te dis, autour de cinq-six euros le kilo. Ça ...