Bonne élève
Datte: 23/05/2025,
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Auteur: Roy Suffer, Source: Revebebe
... ! Mais alors toi, comment es-tu arrivée là depuis le CM2 ?
— En CM2, j’avais un très bon maître, n’est-ce pas, qui m’a donné aussi le goût des langues. Bon, je dois avouer qu’ensuite ça n’a pas été aussi brillant, mais suffisamment pour traverser le collège sans dommage. Pourtant, qu’est-ce que j’ai trouvé dur de changer de prof sans arrêt ! Je trouve cela stupide. Honnêtement, le niveau des matières enseignées n’est pas si élevé qu’il faille des spécialistes de chacune. Mais bon, c’est comme ça, dans l’éducation comme dans la médecine, on ne voit pas l’élève dans son ensemble, mais découpé en petits morceaux dont chacun essaye de s’occuper. Résultat, aucun n’est réellement capable de dire : « l’avenir de ce jeune c’est ça ou ça ». Et le gamin joue sa vie à pile ou face en se fiant aux matières où il réussit le moins mal…
— Ce n’est pas totalement faux, ce que tu dis là. Mais le système est fait comme ça et si l’on tente de le modifier en quoi que ce soit, tout le monde est dans la rue, enseignants, syndicats, parents, élèves… Le bordel, quoi. Et pour toi, ça s’est traduit par quoi ?
— Les langues, comme je vous l’ai dit. Bac littéraire dans une classe bilingue en section européenne, et puis licence d’anglais dans une fac surchargée, désorganisée au possible. J’ai trouvé ça, en dehors des stages et des séjours à l’étranger, une usine à cultiver l’échec ou la médiocrité. J’avais connu l’excellence en primaire, j’ai connu le pire en fac. Mais j’ai quand même eu ma ...
... licence.
— Très bien, ça.
— Oui, enfin ce n’est pas l’Everest non plus. Mon objectif était d’avoir une licence pour passer le concours de l’ESPE et devenir prof des écoles à mon tour.
— Oh, chère collègue.
— Oui, ça m’aurait plu, vraiment. Être comme vous, faire comme vous, essayer de faire aussi bien que vous.
— Arrête, n’en rajoute pas. C’était ma première année d’enseignement en sortant de l’IUFM, comme on disait à l’époque, et je faisais ce que je pouvais.
— Ah si, je vous assure. Ça tient parfois à des petits détails, mais qui vous marquent pour toute une vie. Tenez, par exemple, on jouait souvent au ballon-prisonnier. Et on était venu vous voir parce que les garçons nous balançaient des « cacahuètes », comme ils disaient, dans les jambes ou dans la figure avec un ballon de hand-ball. Ça piquait, ça faisait très mal, et évidemment ils avaient toujours le dessus. Le jeudi suivant, vous êtes revenu avec un ballon en mousse et vous avez rangé le ballon dur. On était trop contentes, nous les filles. Et comme ça, on arrivait même parfois à gagner.
— Oui, bon, simple souvenir anecdotique. Maintenant que tu le dis, je me souviens que j’avais acheté ce ballon sur mes propres deniers.
— Non, mais peu importe le ballon. Ce qui comptait, c’est que nous avions été entendues, que notre demande avait été reçue, comprise et solutionnée. Que ce soit au collège, au lycée ou en fac, vous pouvez toujours demander quelque chose, tout le monde s’en fout. Ce n’est jamais possible. Il y a ...