1. Dylanesque


    Datte: 22/05/2025, Catégories: fh, jeunes, amour, nostalgie, portrait, amitié, Auteur: Amarcord, Source: Revebebe

    ... : dans notre empressement, nous n’avons pas même tiré les rideaux.
    
    — Il est quelle heure ?
    — D’après ton réveille-matin, 15 h 30…
    — Il est en avance d’une demi-heure. Volontairement.
    — Pourquoi cette question ?
    — On avait dit qu’on se retrouverait à 17 heures au café, tout le groupe…
    — Tu as envie ?
    — On va tout de même pas traîner au lit toute l’après-midi ?
    — Et pourquoi pas ?
    — Je suis prête à t’héberger cette nuit, si ce n’est que ça…
    — Chaque fois que tu le voudras.
    — Tu seras mon petit passager clandestin.
    — Si clandestin que ça ?
    — Un surclassement, déjà ? Alors, sois mon amoureux. À tes risques et périls. Seulement si tu le veux, bien sûr…
    — Ça me paraît clair, non ?
    — Dans ce cas, habillons-nous. On a toute la vie devant nous. Allons l’essayer à deux.
    
    ⁂
    
    Nous avons repris le métro vers la Rive Gauche. Découvrir Paris sous la neige était un plaisir si rare que nous avons flâné dans les rues, main dans la main. Nous sommes arrivés du côté de Saint-Sulpice, et Fiona est tombée en arrêt devant la vitrine d’un magnifique magasin de prêt-à-porter pour hommes.
    
    — Jules… t’as vu ce manteau ? Il est sublime.
    — C’est toi l’experte. Mais j’avoue qu’il est beau.
    — Tu sais qui porte ce genre de fringues ? Raphaël, le chanteur.
    — Possible, en effet.
    — Ça t’irait bien.
    — Tu m’étonnes…
    — D’ailleurs, tu lui ressembles un peu, à Raphaël.
    — Ah oui, c’est ça, bien sûr. De loin, alors. Merci pour le compliment, mais on a raison de dire que l’amour rend ...
    ... aveugle.
    — T’as déjà sa coiffure.
    — Admettons. C’est plus réaliste.
    — Un peu son allure, en tout cas, et puis t’as les yeux bleus, toi aussi.
    — On est des millions de mecs dans le cas. Et j’ai pas du tout sa voix.
    — On parle de l’aspect.
    — J’ai pas le même nez, non plus.
    — De profil, non, c’est vrai, de face, c’est moins évident.
    — C’est la ressemblance qui est tout sauf évidente !
    — Sois pas si négatif, enfin, tente au moins de faire un effort pour lui ressembler, me reprocha-t-elle en riant elle-même du tour que prenait cette conversation absurde.
    — Attends, je retiens ma respiration et je prends mon air le plus romantiquement échevelé…
    — Eh ben tu vois, quand tu veux ! se réjouit-elle, toujours plus moqueuse.
    — Où sont les cris des groupies ? C’est moi qui fais tout le boulot.
    — Ah non, regarde : je me la joue Nabilla, dit-elle en projetant ses lèvres et soupesant des seins imaginaires.
    — Vraiment pas convaincu par la ressemblance, et tant mieux : je préfère de loin la pseudocopie à l’original. Dégonfle-moi tout ça, c’est pas mon truc. Raphaël, c’est ton fantasme ?
    — Tu connais une fille qui lui dirait non ?
    — Ça y est, déjà prête à me larguer ?
    
    Elle s’est collée à moi, et cette fois il est arrivé, ce premier et long baiser en rue. Elle avait raison, c’était si bon d’étrenner au grand jour toute la panoplie des amoureux.
    
    — Ça te va, comme réponse ?
    — Je vais y réfléchir. Faudra que j’y revienne, à l’occasion.
    
    Son regard oscillait sans cesse entre mon ...
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