Dylanesque
Datte: 22/05/2025,
Catégories:
fh,
jeunes,
amour,
nostalgie,
portrait,
amitié,
Auteur: Amarcord, Source: Revebebe
... couvrir toutes les catégories d’électeurs, qui auraient chacune bon droit à son super-macchabée de service : les chasseurs, les pêcheurs, les péripatéticiennes, les chauffeurs de taxis et auditeurs des Grosses Têtes réunis, les collectionneurs de timbres, les experts-comptables, les influenceuses, les rescapés du Loft, les sourds, les aveugles, les parieurs du PMU, les joueurs du PSG et les supporters de l’OM, les impuissants, les vaginales, les clitoridiennes, les éjaculateurs précoces, et qui sait, peut-être même les étudiants oisifs.
À cet instant précis de la discussion, Constantin devait sans doute méditer une vanne bien vacharde à placer, Clotilde et Anne pouffer en médisant des passants, Jérôme jeter un coup d’œil au mignon petit gars aux longs cils soulignés de mascara qui venait de s’installer au bar de notre quartier général,la Bonne École, et Ben rugir en posant sur la table une tournée générale :« Ta gueule, Jules, et bois tant que c’est frais, je suis pas si sûr qu’il y aura une place au fond du trou de luxe pour les foutus bavards ! » Mireille et Michel, eux, avaient certainement, comme si souvent, décliné la rencontre. Ce qui avait dû inviter Malick ou Sammy à armer, sans avoir l’air d’y toucher, notre piège absurde favori.
— Tiens, ils viennent pas, aujourd’hui, Minnie et Mickey ?
— Non, ils peuvent pas, là. Ils baisent.
Ben aurait certainement placé ça de sa voix grave, d’un ton sérieux, les sourcils froncés, sans même rire dans sa barbe, ...
... reproduisant avec soin ce sentencieux pronostic qui lui avait valu de déclencher la première fois tant de rires parmi nous qu’il s’était depuis lors imposé comme une phrase culte, une signature de notre bon géant, une marque de fabrique.
Quant à Fiona, elle souriait. Elle souriait en me regardant défendre mes arguments avec conviction, plutôt indifférente au débat, mais parfaitement amusée par l’énergie disproportionnée que je mettais à convaincre mes amis de rejoindre mon point de vue, ainsi que je viens encore de vous le prouver à l’instant. Jules le bavard, Jules le raseur ? Tant que ça faisait sourire les jolies filles, on pouvait bien me charrier, c’est moi qui avais le dernier mot, le plus gracieux et le plus éloquent.
Fiona, personne ne se rappelle plus par l’intermédiaire de qui elle était entrée dans le groupe. Peut-être était-ce via Ben, après tout ? Je parierais plus sûrement qu’elle était apparue comme ça, soudainement, à la faveur de trois mots échangés sur une terrasse, d’une excuse bredouillée pour une maladresse, une tache de bière épongée sur une robe fleurie, et puis tout avait dû s’enchaîner comme par miracle, son sourire avait jailli, son charme avait opéré, et elle avait dû être adoptée par notre petite troupe sans que jamais la candidature ne fût posée, nous n’étions pas plus procéduriers qu’elle.
Elle n’avait pas tardé à prendre du galon en gagnant le respect et l’affection de Ben, qui m’avait raconté la prouesse, puisque je n’étais hélas pas du groupe ...