Dylanesque - Histoires de Sexe

Dylanesque

... smart, sobre mais pas banal.
— Je crois que la taille est parfaite. C’est pour une occasion précise ? a demandé la fille.
— Un concert. Enfin, une émission de variétés. Il y a un détail qui me gêne, Raphaël. Dommage…
— Ah bon ? me suis-je contenté de marmonner.
— Le logo sur la poitrine.
— Il est très discret, pourtant, objecta notre hôtesse.
— Peut-être, mais à la télé, on ne voit que ça. Nagui pourrait te l’interdire. Huit millions de téléspectateurs à l’audimat, on veille au grain… Dis-moi, il est chiant, d’habitude, pour ce genre de choses, le placement de produit et tout ça ?
— Non, plutôt cool, ai-je hasardé.
— C’est prévu quand ? a demandé la vendeuse.
— Raphaël est invité le mois prochain, si tout va bien.
— Je regarderai, c’est sûr !
— Vous l’aviez reconnu ?
— Pas immédiatement, je vais être honnête. Mais petit à petit…
— Vous savez, on ruse un peu sur le look, pour se fondre dans la foule…
— Oh, je comprends ça ! Vous avez raison de vous protéger.
— C’est pour ça qu’on privilégie les belles maisons. Les maisons de confiance. Auxquelles on s’adresse volontiers pour constituer sa garde-robe… Votre collection est magnifique.
— Moi aussi j’adore ce que vous faites. D’ailleurs, on a « Caravane » dans la pile de disques, au comptoir.
— Ça vous ferait plaisir qu’il vous le dédicace ?
— Et comment !
— Ah oui, je me trompe ou vous aviez un manteau, dans la vitrine ?
— En effet. Une pièce exceptionnelle.
— Ça se marierait bien avec le reste, vous ne ...

... trouvez pas ?
— Oui, et puis à votre regard aussi, a minaudé la gonzesse en ignorant Fiona. C’est mon dernier. Pure laine. Je crois que la taille est bonne.
— Il tombe parfaitement.
— Enfin, Fio… Muriel…
— Écoute madame, elle est de bon conseil.
— Vous êtes splendide, je vous assure. Évidemment, j’avoue que c’est surtout très bien porté… Je ne dis pas ça à tous les clients.
— Ça serait bien pour le clip video, tu vois lequel…
— Euh…
— On pourrait même citer la marque au générique et dans le dossier de presse… C’est moi qui le gère.
— Je n’osais pas vous le proposer, interrompit la vendeuse, soudain toute excitée.
— Ce sera volontiers. Vous êtes si compétente…
— … et charmante, ai-je fini par ajouter dans un grand sourire charmeur, en acceptant enfin de prêter main-forte à ma complice.
— Pour la facture, on fait comment ? a innocemment demandé Fiona. Vous faites suivre à la maison de disques ? Je vous laisse les coordonnées ?
— Vous inquiétez pas pour ça. Je vous donne ma carte de visite, à tous les deux. Et puis si je peux vous demander une petite faveur en échange…

Un quart d’heure plus tard, Fiona consulta en rue la page Facebook de la vendeuse, imprimée sur sa carte de visite. Comme elle s’y attendait, celle-ci n’avait pas tardé à y poster un rapport.

Mon écriture avait tracé quelques mots sur un sac en papier.

Quant au selfie qu’elle avait pris avec moi, j’y apparaissais le manteau entrouvert sur mon torse nu, terrorisé par la supercherie, avec une mine ...