1. Un 14 juillet bleu blanc sexe


    Datte: 07/05/2025, Catégories: fh, piscine, hotel, anniversai, amour, portrait, Auteur: Amarcord, Source: Revebebe

    ... que celle de son corps parfait glissant à la surface du bassin. Tout semblait si facile, sans effort : la beauté, la grâce d’un bras nu s’élevant en rythme pour la propulser à la surface, l’existence elle-même.
    
    Je ne découvrirais que plus tard, avec étonnement, que les cartes avaient été bizarrement mélangées. Marianne la trotskyste était la fille d’un couple d’enseignants et chercheurs universitaires issus de la haute bourgeoisie. C’était Nathalie la fille d’une famille bien plus modeste. C’est à force de volonté que cette beauté blonde était devenue une de ces «uptown girls » qui donnent le tournis à la planète. Ironiquement, contrairement à Marianne et moi, c’est bien elle qui travaillait dur et aurait eu un peu de légitimité à défiler le 1er mai, à condition d’éviter les talons hauts et les vertigineuses robes fendues susceptibles de transformer le cortège en émeute. Nathalie défilait elle aussi, mais sur lescatwalks des griffes haute couture, à Paris, à Milan ou à New York, des capitales qu’elle foulait de ses longues, si longues jambes de reine.
    
    Autant dire qu’elle m’intimida, la top-modèle, quand je l’aperçus pour la première fois au vernissage d’une expo photo où j’avais été invité. Cette fille-là était magnétique, elle affolait les boussoles et les regards, elle aimantait les mondains, les hommes et les femmes jouissant de plus de notoriété et d’assurance que moi, qui n’hésitaient pas à l’aborder, à engager la conversation, à lui faire du plat.
    
    Le plus ...
    ... troublant était que sa présence se dédoublait dans cette expo, et c’est ce qui justifiait sa présence au cocktail. Je tombai en arrêt devant une série de magnifiques tirages noir et blanc. La légende précisait « Nathalie. 1999 ». Des nus graphiques en clair-obscur, un long corps de femme éblouissant, décliné en un inventaire à la fois érotique et innocent, que seules les ombres drapaient d’un strict minimum de pudeur. Épaules rondes, bras fins et musclés, seins provocants, fesses veloutées, ventre creusé, cuisses fuselées : un chef-d’œuvre féminin.
    
    — Votre opinion ?
    
    Je sursautai. La voix qui venait de s’adresser à moi était celle du modèle, m’offrant en quelque sorte une séance son et lumières, et en stéréo. La version 3D était plus loquace et plus couverte, mais pas moins affolante.
    
    — Pourquoi la mienne ?
    — Vous êtes un peu comme moi dans ce cocktail. Vous ne semblez pas connaître grand monde.
    — Je vous le confirme. Je ne suis qu’un modeste amateur de photo qui poursuit des études plus arides.
    — On peut savoir lesquelles ?
    — J’ose à peine le dire. Je serai bientôt énarque et ils n’ont pas bonne presse.
    — Les mannequins aussi sont la cible de bien des préjugés.
    — Quant à votre question, le photographe est habile, mais il n’a pas grand mérite, toute la beauté appartient au modèle.
    — Merci.
    — Je ne suis pas le premier à vous l’avoir dit, vous devez être blasée.
    — C’est exact. Mais vous êtes jusqu’ici le seul à l’avoir fait de façon aussi délicate. Et désintéressée, ...
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