Un 14 juillet bleu blanc sexe
Datte: 07/05/2025,
Catégories:
fh,
piscine,
hotel,
anniversai,
amour,
portrait,
Auteur: Amarcord, Source: Revebebe
... l’ENA. On est copains, on s’apprécie, parfois on déjeune ensemble, il me raconte les derniers potins du microcosme. Mais ici, dans ce grand pince-fesses républicain du 14 juillet, il maintient un semblant de distance protocolaire, et donc le vouvoiement. En particulier en présence de sa Ministre et de quelques autres invités privilégiés : élus, requins d’états-majors, amis du prince, membres de la presse… Ou inclassables, dans mon genre.
— Excusez-moi, Madame la Ministre, je ne vous ai pas présenté Victor Muller. Monsieur Muller est Conseiller spécial du…
— Salut Victor…
Sans attendre la fin des inutiles présentations, elle pose une bise sonore sur chacune de mes joues, saisit mon bras et m’entraîne à l’écart.
— Ça te va bien, ce costume…
— Ça te va pas mal non plus, le tailleur, finalement.
— C’est un sarcasme ?
— Un constat. Faut avoir les jambes pour se le permettre. Ça va, ça sonne pas trop machiste primaire, j’espère ?
— Bof, c’est bon pour une fois. Ça ferait même plutôt plaisir.
— Y’a qu’à demander. J’ai encore rien dit sur ton cul, ça me rendrait lyrique. Ou lubrique.
— Pousse pas ta chance, tout de même.
— Tu l’as pris en bleu, le tailleur ?
— Avec le temps on s’assagit. Pour le rouge, une simple note sur le foulard suffira.
— Laisse-moi deviner où tu caches la minuscule note de blanc qui va bien.
— Houlà, le machomètre grimpe un peu, on dirait bien.
— Il n’est pas le seul. Désolé si je t’embarrasse.
— Il en faudrait bien davantage, Monsieur ...
... Muller. J’ai toujours réponse à tout…
Le « Monsieur Muller » aurait pu être ironique, mais le regard insistant de Marianne, surmontant un sourire crispé, me fait comprendre qu’un tiers vient de se joindre à notre conversation badine.
— Et c’est une qualité en politique, chère Marianne, enchaîne dans mon dos une voix immédiatement reconnaissable.
— Je vous présente Victor Muller, Monsieur le Président.
Il a la poignée de main décidée, le sourire malicieux, mais c’est le regard qui me frappe : un scanner. Je sais aussitôt à quoi il pense : « C’est lui, son mec ? Ou alors son amant ? »
— La réponse est oui et non, Monsieur le Président. En même temps, en quelque sorte.
— Vous remarquerez que je ne vous ai pas posé de question.
— Dommage, elle m’aurait flatté.
Le sourire présidentiel s’élargit, celui de Marianne se crispe, elle me fusille du regard, il le remarque et s’en amuse. Un commis passe avec un plateau de Champagne.
— Pardonnez ma distraction, mais pourriez-vous me rappeler ce que vous faites à la ville, Monsieur Muller ?
— Mon rôle est d’être très discret. Mais je viens quand on m’invite.
— Vous avez bien fait.
— C’est ce que je disais à Madame la Ministre.
— Vous l’avez félicitée pour son élection, j’espère ?
— Et comment ! Une circonscription populaire difficile, face à ce candidat de la droite nationaliste si irascible. Quel est son nom, déjà ? Cahors, c’est ça ?
— Figurez-vous que c’est un pseudonyme. Pour l’état civil, François Cahors ...