La résonance magnétique des talons aiguilles sur le ciment
Datte: 04/05/2025,
Catégories:
cérébral,
Voyeur / Exhib / Nudisme
BDSM / Fétichisme
Auteur: Landeline-Rose Redinger, Source: Revebebe
... luxueuse architecture me confère un plaisir ajouté au désir. Décupler le désir par la vue des jolies choses n’est pas quantité négligeable dans la litanie de nos souvenirs.
Ces souvenirs-là raviveront les désirs. Incessante machine à plaisir que nous sommes.
Pour mon goût personnel, je les aurais voulus pourpres. Pourpre, uniquement pourpre. Mais hormis le rouge qui ravive l’animalité des hommes, il y a le noir. Et pour cette traversée on m’avait imposé le noir.
J’étais habillée sobrement d’une robe ras-de-cou, laissant apparaître les bras entièrement nus. Une robe courte et droite. Que mes seins marquassent le tissu par l’empreinte de leur extrémité tendue n’était pas l’élément le plus remarquable de ma prestation. Mes jambes gainées de bas de soie très fin n’en étaient pas non plus de la plus haute importance. Bien sûr, il n’eût pas fallu d’autre parure, celle-ci était partie intégrante du paysage. Si mon plaisir s’intensifiait, cela fit comme une salve iridescente lorsqu’après avoir sorti ma paire d’escarpins, après avoir glissé avec une lenteur calculée un à un mes pieds dedans, lorsque visualisant l’allée dans la pénombre qui s’ouvrait devant moi, je fis quelques pas dont l’écho des talons sur le ciment fit résonner cette cathédrale comme l’archet d’un violon.
Mon corps fut percé tel qu’un stylet m’aurait percé. Le stylet au corps conjugué à l’écho de mes stilettos et je me retrouvais humide. Ma poitrine se raffermissait, tendait le tissu qui la ceinturait. ...
... Mon sexe semblait en éclosion de rosée. J’avançais dans cet espace, dans cette perspective, déplaçant les courbes de mon corps dans l’espace angulaire. Chaque pas lançait un écho qui couvrait le précédent, qui s’y superposait. L’architecte était sans nul doute un mélomane averti. J’étais une clameur harmonique, un arpège de Bach, une gymnopédie de Satie.
Bordée sur toute sa longueur, de meurtrières peu larges, l’espace de ciment me laissait deviner, à peine voir le visage des hommes en clair-obscur. Je ne les voyais pas, je lisais les contours, les traits en tension.
Et plus que le regard, ici tout était centré sur le bruit, non, que dis-je, sur la musique. À chaque pas que je faisais, à chaque rythmique donnée par le sec cliquetis de mes talons sur le ciment, à chaque écho, on pouvait comme un chœur entendre la respiration cadencée des hommes. Chacun semblait en réponse aux mouvements chaloupés de mon corps. On scandait la jouissance. Non, je ne les voyais pas, mais je savais les mains allant et venant sur leur sexe. Une armée jouissive et presque silencieuse, car en ce lieu tout semblait monacal. Si mes obligations contractuelles n’avaient eu une clause, j’aurais tant voulu qu’elles me laissassent au passage me pencher vers ses hommes, m’incliner vers leur sexe, et pour chacun d’eux quel qu’en fut la durée, j’aurais extrait leur jus, jusqu’à m’engorger, jusqu’à la suffocation, à l’étouffement, mais il n’en fut pas ainsi.
La multitude était ce que j’aimais, mais ici ...