1. La résonance magnétique des talons aiguilles sur le ciment


    Datte: 04/05/2025, Catégories: cérébral, Voyeur / Exhib / Nudisme BDSM / Fétichisme Auteur: Landeline-Rose Redinger, Source: Revebebe

    Il faut une unité de lieu. Il faut une durée, un temps, enfin, une mesure appropriée. Et pour parfaire, l’architecture comme partie intégrante du projet. Voilà qui peut faire l’harmonie. Pour cette fois, il faudra considérer l’espace de cette construction aux lignes de béton horizontales comme le contrepoint de ma propre verticalité ; de ma présence mobile dans cette vaste agora close.
    
    Si l’approche du récit vous paraît abstraite, alors j’en suis fort aise, car j’ai voulu qu’il en soit ainsi.
    
    Le jeu, bien qu’émanant d’une commande, le jeu, oui, car cela reste un jeu, postulait en des règles préalables dont la définition en était dictée par le commanditaire.
    
    Bien sûr, je vous devine, oh là là ! Je vous sens un tantinet agacé par cette ribambelle littéraire abstruse, énigmatique, inutile, vous dites-vous, mais soyons sérieux un instant, que j’en vienne au cœur même du récitin fine vous serait bien peu agréable !
    
    Et puis avouons-le sans détour, car vous me connaissez maintenant, non ? Pour ce jeu et pour l’histoire que j’en fais, je suis rémunérée, je suis payée. Lorsque, riche de mes droits d’auteur, je pourrai vous faire la gratuité, je le ferai. Donc au risque de vous voir déchirer le papier des premières pages de cette histoire, je ne digresserai pas d’emblée vers la dimension purement sexuelle de cette aventure. En somme, vous tomberez de mon avis, car n’est-il pas délectable le chemin qui mène au plaisir ? Que vous passiez la main sur un corps ou sur le vôtre ...
    ... n’est-il pas plus soyeux que la fin d’un plaisir fugace ? Le plaisir est à l’aune du préliminaire qu’on se donne.
    
    Donc, l’architecture. Il faut visualiser ce lieu comme une succession cubique de béton ciré, sans aspérité, excepté une pastille de petite circonférence sur chaque pan vertical. Ce qui, au final, laisse au regard une possible et poétique échappée. Le maître d’œuvre l’avait voulu à la fois dans l’épure et le silence. Également qu’il en fut de sa résonance comme le chant grégorien d’une abbaye.
    
    Cet homme-là était lui-même fait de ce silence, austère et magnétique à la fois. Si parfois, l’homme pouvait receler le secret d’un tueur, le mystère d’un pervers sanguinaire, pour ma part, je venais en ces lieux avec le frisson du désir et l’attraction chevillée comme la peur au corps. J’ai tant vécu que je pourrais bien mourir ! me disais-je. Ô, je vous affole, car votre espoir est grand de vous poser un jour ou l’autre sur mon corps. Votre fantasme est grand et tenace. Ne me feriez-vous pas mourir, mourir à votre regard, si l’affaissement de ma peau ou la tonicité de mes chairs s’ingéniaient à m’effacer ? Ne passeriez-vous pas à d’autres jeunesses ?
    
    L’horizontalité bétonnée, en construction tectonique, laissait un rai de lumière naturelle passer, filtrer plus justement tout au long de l’agencement des cubes.
    
    Au silence se marient la clarté et l’ombre de mon corps, reflet sensuel et envoûtant sur la pureté gris pâle des murs. Semblablement au reste du bâtiment, ...
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