Ça ne coûte rien - Histoires de Sexe

Ça ne coûte rien

... Euphrasie osa se lancer.

— La dernière fois que je vins, notre discussion tourna autour d’un sujet un peu…
— Scabreux ?
— C’est cela, oui. J’ai réfléchi, et je me demandais, si… juste une pure spéculation, si une amie voulait connaître ce genre d’émois, que lui conseilleriez-vous ? Quelle attitude adopter ?

Léonelle prit la main de sa voisine, la tapota et lui dit :

— Si elle en a le courage, si l’envie lui vient d’essayer, je ne peux que la féliciter et l’encourager.
— Comment devrais-je… devrait-elle faire ?

Léonelle sourit discrètement, but une gorgée de thé, réfléchissant à la meilleure façon de satisfaire son amie.

— Pour ne point la mettre mal à l’aise, je lui dirais de venir chez moi. Soit en simple spectatrice, pour me voir à l’œuvre, ou alors pour elle-même devenir la maîtresse de cérémonie.
— Oh.
— Certes, si pour elle il s’agit d’une première, je lui conseillerai de ne pas se cantonner à une seule tentative. Elle sera craintive pour sa première, il se peut même qu’elle éprouve de la peur et qu’elle n’en retire pas tout le plaisir attendu. La peur fait perdre ses moyens.
— Mais que proposeriez-vous donc.
— De faire plusieurs tentatives durant une semaine. De cette façon elle s’habituera, prendra confiance en elle, pourra ainsi découvrir pleinement ces sensations. D’ailleurs il existe une multitude de sensations, selon que l’on choisisse une voie… ou une autre voie.
— ?
— Ma chère, il n’y a pas qu’une porte, murmura Léonelle en passant le ...

... doigt sur ses lèvres et en se tapotant les fesses de son éventail.

La bouche de l’ingénue s’arrondit de surprise et elle sentit ses joues devenir brûlantes. Elle se souvint alors des recommandations de sa mère et ses tantes sur certaines pratiquescontre nature, serait-ce de ces pratiques dont parlait son interlocutrice ?

De retour chez elle, Euphrasie se plongea dans d’intenses réflexions. Léonelle avait instillé la graine du doute.

Elle se revoyait jeune fille, à l’église, devant son frère, promettant fidélité à son mari… même fidélité et obéissance. Et Charles, qui lui, de son côté promettait juste fidélité.

Et elle apprenait par la bouche même de la principale intéressée qu’il avait failli à cette promesse. Combien d’autres fois s’était-il parjuré, à combien d’autres femmes s’était-il frotté.

Elle n’avait eu droit qu’à une triste, douloureuse et lugubre cérémonie lors de son mariage. Elle n’avait droit chaque semaine qu’à une ridicule répétition de cette parade amoureuse.

Pourtant elle n’avait rien à se reprocher, subissant sans broncher les assauts matrimoniaux.

Elle se rendit compte que son mari ne lui demandait jamais son avis, lui imposait souvent ses choix, sorties, spectacles. Elle n’était qu’une jolie potiche qu’il exhibait en société.

Son éducation lui dictait de respecter ses engagements prononcés devant Dieu.

Une petite voix lui susurrait quotidiennement qu’elle ne devait rien à Dieu ni surtout à son mari.

Elle devait aussi admettre que ...