Amanda - Histoires de Sexe

Amanda

... j’aime sa voix…)
— J’ai bien compris votre proposition, vos intentions, et je pense disposer des compétences requises.
— Parfait, combien demandez-vous ?
— Je ne sais pas, nous verrons cela plus tard, l’urgence est de vous sortir d’embarras. Voici ce qu’il se passe : d’abord, la traduction n’est pas très bonne, avec quelques contresens qui nuisent à la compréhension, dus certainement à la double traduction. Ensuite, quelques mots mal traduits sont presque des insultes en japonais, disons des mots vulgaires qui ne s’emploient pas dans un tel rapport.
— Joli ! Terminé avec ce traducteur.
— Oui, mais… Il n’est pas seul en cause. Permettez-moi de vous dire le fond de ma pensée sans vous offenser.
— Je vous en prie, faites, j’en ai vu d’autres.
— En Europe, vous trouvez une faiblesse dans une entreprise. Vous les contactez et vous leur dites : « voilà vos points faibles, nous allons vous aider à y remédier ». D’accord ?
— Tout à fait, j’en sors justement avec une très grosse entreprise et j’ai signé un très gros contrat.
— Eh bien, vous ne pouvez pas faire cela au Japon. Dire à quelqu’un qu’il a une faiblesse, c’est l’insulter, le déshonorer, lui faire perdre la face. Au contraire, il faut le complimenter, lui dire que son entreprise est la plus belle, la plus prospère et la meilleure du marché. Flatter, en somme. Ensuite, très humblement, il faut suggérer que vous seriez extrêmement honoré d’avoir l’immense privilège d’être choisi pour collaborer à cette fantastique ...

... réussite, notamment dans le petit domaine qui vous concerne, la sécurité boursière. Combattre les ennemis potentiels à leurs côtés ferait qu’un peu de leur immense rayonnement éclairerait votre obscure société.
— Aïe, aïe, aïe ! Alors là, je me sens absolument incapable d’une telle hypocrisie… Je suis trop direct, trop franc, trop droit, trop…
— Trop français !
— Sûrement. L’autre solution, c’est celle que j’ai utilisée avec Saint-Gobain : j’attaque en bourse et quand ils sont à genoux je propose nos solutions.
— Détrompez-vous. En faisant cela, vous devenez « ennemi », et le code d’honneur interdit de pactiser avec l’ennemi de quelque façon que ce soit.
— Pfff…
— Souhaitez-vous que je vous aide ? Car ça, je peux très bien le faire. Je rédige en français, avec vous, et quand le texte vous paraît convenir, je le traduis sans la moindre variation, je vous le garantis.
— Vous feriez ça ?
— Je crois que j’en suis capable. Mais ce qu’il faut savoir, c’est qu’un contrat ne se traite pas par courrier. Il ne faut donc pas dévoiler vos solutions ni votre stratégie.
— Une partie d’échec, en somme.
— Pire, de jeu de go. L’objectif de votre courrier sera donc de les inviter, à visiter votre modeste entreprise, mais aussi un peu Paris, ils adorent, et une cave bordelaise, ils en raffolent. Et surtout, de clôturer le séjour par un dîner où tout se jouera, mais uniquement s’ils sont très contents.
— Eh bé ! Et une cave en Bourgogne ? C’est moins loin et c’est meilleur, à mon goût ...