Dorothée ou les dérives de l'aventure
Datte: 10/01/2025,
Catégories:
hagé,
couleurs,
Collègues / Travail
plage,
amour,
revede,
fantastiqu,
sorcelleri,
Auteur: Samir Erwan, Source: Revebebe
... qui n’a rien donné. La dernière recherche officielle a eu lieu en 1806 et c’est à ce moment qu’on a effacé Juan de Lisboa des cartes.
Un petit silence passe. Je respire fortement. J’ai peine à y croire. Le résumé fait par Dorothée de ma vie de recherche est exact. Tout pointe vers la non-existence de l’île. Il n’y aurait rien, au sud de La Réunion, sinon les Kerguelen. Mais j’ai plus d’un tour dans mon sac, et c’est pour cela que j’avais contacté les chaires de recherches universitaires qui m’avaient dirigé vers la belle Dorothée. Ses lèvres entourent la paille et elle termine son cocktail aux fruits. Il devait y avoir du rhum, aussi, car ses pommettes prennent une nouvelle teinte de couleur. Le soleil a décliné lors du descriptif des recherches, et les rayons se sont engouffrés sous la paillote. Dorothée se trouve dardée par la lumière et une fine couche de sueur apparaît peu à peu sur sa peau sensuelle. Elle me regarde, intriguée, m’invitera-t-elle chez elle ? Je détourne le regard et plonge à mon tour la main dans mon sac.
— J’ai ici un procès-verbal d’évacuation ainsi qu’un inventaire de meubles et d’effets transportés.
La curiosité de Dorothée est de nouveau attisée et elle se penche près de moi pour mieux examiner les documents :
— C’est ce dont vous me parliez…
— Oui. Avant de venir ici, j’ai fait un déplacement au Mozambique.
— Ces documents datent de… ?
— De 1806, justement.
Je m’emporte soudain comme si j’étais de nouveau un écolier. Une vie de ...
... recherche m’amène à cet instant précis, devant une sensuelle créole intellectuelle qui aime les jeux de l’esprit et dont je suis éperdument épris par les odeurs de vanille qui émanent de ses cheveux. Elle m’admirera, tombera en pâmoison, tombera sur ses genoux, la vanille de ses cheveux tout près de la décharge électrique, j’enchaîne pour changer de sujet :
— Les Portugais s’étaient établis dans l’île Juan de Lisboa ! Mais ils se sont vite trouvés débordés, car ils avaient trop de possessions à gérer à la fois. Ils ont dû alors évacuer les habitants de l’île pour les transférer sur la côte de Zanguebar, au Mozambique, dans une ville appelée Patte. Ici, le procès-verbal de l’évacuation !
— Vous avez trouvé ce document au Mozambique ?
— La semaine dernière, oui ! Et j’ai déniché aussi une communication faite par Epidariste Collin, dûment mandaté par la Société d’émulation de l’Île-de-France, qui le confirme aussi !
Dorothée se concentre sur le procès-verbal des Portugais, avance sa main, effleure la mienne – elle va m’embrasser, ça y est ! –, mais emprunte les missives et lit attentivement. Ses yeux parcourent rapidement les mots puis elle hoche la tête en souriant :
— D’accord, d’accord, on avance. En effet, il y a quelque chose qu’il faut vérifier… chuchote-t-elle, songeuse.
— Et vous ? Avez-vous trouvé les documents que je vous ai demandé de chercher, ici ? Les journaux des Capitaines Sornin et Donjon ?
Elle relève la tête et me fixe de ses yeux noirs, un nouveau ...