Dorothée ou les dérives de l'aventure
Datte: 10/01/2025,
Catégories:
hagé,
couleurs,
Collègues / Travail
plage,
amour,
revede,
fantastiqu,
sorcelleri,
Auteur: Samir Erwan, Source: Revebebe
... de l’océan Indien sur une table. Il y a de la vanille dans l’air, près d’elle. Charles de son côté, vide l’eau des saucisses en entreprends leur coupe.
— Alors ? Qu’est-ce que nous dit le capitaine Donjon ? lance-t-elle en faisant apparaître le dossier qu’elle a soustrait au conservateur des TAAF.
Elle est ma complice dans cette chasse au trésor qu’est l’île de Juan de Lisboa. J’aurai mon nom cité pour avoir découvert le dernier territoire inexploré par les humains : toute une vie de recherche et de fatigue des yeux pour décoder d’anciennes archives, presque cinquante ans d’enquête et de lectures, pour déceler le vrai du faux parmi tous les affabulateurs qu’étaient les Grands Explorateurs du 16e et 17e siècle. Et voilà que par un sort béni du monde, la vérité m’est offerte par la femme de mes rêves et de mes désirs, que je ne connais que depuis… que depuis, que depuis quoi ? Huit heures en tout ?
Dorothée ouvre le classeur et, à l’intérieur, un livre jauni et altéré par les mêmes micro-organismes que le journal de Sornin. Les deux journaux ont dû rester ensemble durant leur entrepôt. Dorothée et moi rapprochons nos têtes l’une à côté de l’autre et ensemble, nous entreprenons le voyage spirituel de la quête de vérité.
Je suis trempé par les vagues qui passent par-dessus bord. La frégate tangue, les cordages grincent, l’équipage se donne des recommandations et des encouragements en baissant les voiles, tout le monde crie et court. Dans le ciel, un plafond noir, on ...
... ne distingue plus un seul détail dans les nuages, de la purée de pois seulement et de l’eau partout, sur mon visage, mon crâne, mon corps. Celui de Dorothée aussi est tout mouillé, ses vêtements collent à sa peau, je vois parfaitement ses courbes et le vent ne cesse de tourner au point de faire le tour complet du compas : pluie, orage, tonnerre, éclairs. La mer est forte, l’air en feu et Sornin tente de tenir le cap. Un second officier sur le pont, le capitaine Donjon, relève les données latitude/longitude malgré la pluie. Nous vivons une nuit d’enfer dans le cyclone et Dorothée et moi collaborons avec les marins pour maintenir le navire à flot.
À 10 h du matin, le calme est revenu, une terre apparaît. Sornin croit qu’il s’agit de la pointe sud de Madagascar, mais j’interviens une nouvelle fois :« Capitaine ! il faut débarquer ! ce n’est pas Madagascar, mais bien une nouvelle terre : Juan de Lisboa ! Elle est abandonnée par les Portugais, allons la prendre ! » Dorothée continue :« Il a raison Capitaine ! » Mais qui sommes-nous ? D’ailleurs sommes-nous là ? Le Capitaine Sornin met le cap sur Rodrigue et le Capitaine Donjon vient nous voir, Dorothée et moi et nous affirme :« Nous reviendrons… ».
Au port de Rodrigue, Sornin refait ses calculs et en déduit que la terre entrevue était en fait à 142 lieues au sud-est de Rodrigues. Ça ne pouvait donc pas être Madagascar… Mais le capitaine Donjon, pour sa part, a fait ses propres calculs et constate que le navire avait accusé un ...