Dorothée ou les dérives de l'aventure
Datte: 10/01/2025,
Catégories:
hagé,
couleurs,
Collègues / Travail
plage,
amour,
revede,
fantastiqu,
sorcelleri,
Auteur: Samir Erwan, Source: Revebebe
... L’intégrité physique est menacée par des altérations d’origine biologique, probablement des micro-organismes, car elles ne concernent qu’une zone réduite et se répètent systématiquement sur chaque feuillet. Dans l’ensemble, l’état de conservation est bon et je me penche sur l’écriture cursive. Je chavire.
J’ai entre les mains le journal de bord du capitaine Sornin qui relate sa découverte de Juan de Lisboa. Je me retrouve sur la mer à bord d’une frégate, mais le grain se lève et nous devons baisser les voiles. La houle monte, le ciel s’obscurcit, le vent ne cesse de tourner au point de faire le tour complet du compas : pluie, orage, tonnerre, éclairs. La mer est forte, l’air en feu et Sornin tient le cap pendant plus de douze heures.
À 10 h du matin, le calme revenu, une terre apparaît. Sornin croit qu’il s’agit de la pointe sud de Madagascar, mais j’interviens :« Capitaine ! il faut débarquer ! ce n’est pas Madagascar, mais bien une nouvelle terre : Juan de Lisboa ! Elle est abandonnée par les Portugais, allons la prendre ! » Mais un universitaire de Lille ne peut convaincre un capitaine sur son propre bateau. Celui-ci met le cap sur Rodrigues et jamais je n’ai été aussi près de toucher ma terre tant recherchée. D’ailleurs, au port, Sornin refait ses calculs et en déduit que la terre entrevue était en fait à 142 lieues au sud-est de Rodrigues. Ça ne pouvait donc pas être Madagascar…
— J’avais raison ! m’écrié-je. Il aurait dû m’écouter !
— Pardon ? me questionne ...
... monsieur Hoareau
Je me redresse, conscient d’avoir parlé seul. Dorothée regarde, par-dessus mon épaule, le document révélé par le conservateur des TAAF et je sens la vanille envahir le bureau. Elle intervient :
— Il s’agit bien du journal de bord du capitaine Sornin ?
— Oui, tout à fait !
Je lève le regard vers le conservateur qui a les bras croisés, un air satisfait sur le visage, lui dit :
— Il y avait un deuxième officier à bord de la frégate du Capitaine Sornin. Je sais qu’il a aussi tenu un journal de bord : c’est celui-ci qui nous intéresse.
Monsieur Hoareau sourit et garde les bras croisés :
— Je l’ai trouvé aussi, le journal de Donjon. Mais il faudrait tenir vos promesses avant tout…
— Quelles promesses ? m’écrié-je en me tournant vers Dorothée.
Celle-ci fixe Hoareau d’un regard noir :
— Philippe, il n’a jamais été question de…
— Tu m’as fait des promesses, Dorothée, tu m’as fait croire que…
— Philippe, nous sommes dans un cadre professionnel ici et il n’a jamais été question…
Mais Dorothée ne peut terminer ses phrases, le conservateur des TAFF s’insurge, il hausse le ton et proclame que nous n’aurons jamais accès au journal de Donjon si Dorothée ne respecte pas ses engagements, ses promesses, je m’imagine le pire, elle a dû lui faire miroiter des faveurs, probablement sexuelles, on m’a dit avant de venir qu’ici les femmes avaient la cuisse légère, ça doit être cela, je sens un poignard de jalousie m’envahir. J’ai le document de Sornin ...