Business, amour et sexe - Histoires de Sexe

Business, amour et sexe

... son regard interrogatif et sentis que ça turbinait sévère derrière ses lunettes, elle avait flairé le coup tordu, et se montra aussi prudente que méfiante.

— Je ne comprends pas de quoi tu me parles, j’ai répondu à ta question précédente, mais là, je n’ai rien à ajouter.

Je me levai et vins me planter face à elle, la regardant fixement, une main posée sur le dossier de sa chaise.

— Si tu ne mélanges pas vie de famille et boulot, alors pourquoi tu as raconté à tout le monde ici que je vis avec une femme ? Qu’est-ce que ça peut bien te foutre, avec qui je m’envoie en l’air ? Tu es jalouse peut-être ?

Il y eut un assez long silence durant lequel elle sembla réfléchir, se tortillant les doigts, croisant et décroisant nerveusement ses jolies jambes.

— Tu es moins naïve que tu en as l’air, tu comprends vite.
— Quoi ? Qu’est-ce que tu dis ? Répète s’il te plaît !
— Je dis que tu comprends vite. Oui, je suis jalouse.
— Mais… mais… comment ça jalouse ? On ne se connaît presque pas. Tu en as trop dit ou pas assez, alors déballe maintenant !
— Oh, du calme, c’est pas parce que t’es bientôt la taulière qu’il faut être agressive. Tu es là depuis vingt ans, moi depuis dix, et tu as dû me dire bonjour cinq fois en tout. Pourtant, quand tu passes, je te souris toujours, je te salue, mais toi, nada. Rien. La princesse, fière comme Artaban.
— Tu exagères ! Tu sais très bien que je ne passe quasiment jamais par l’entrée principale, sauf si je dois aller accueillir un ...

... client parce que tu n’es pas là pour le faire à ma place ! Je passe toujours par l’entrée du personnel, ce qui fait que tu ne me vois presque jamais.
— Ouais, c’est pas faux, n’empêche qu’on en rigole, on se dit entre nous : « Ah tiens, elle doit avoir ses règles la pimbêche » ou encore : « Tu crois qu’elle est coincée du cul autant que du sourire, la bourgeoise ? », « C’est sûr, se laisser pousser les toiles d’araignées, ça rend pas souriante », « On l’a jamais vue avec un mec, elle doit être goudou » etc. Moi je n’en rajoute pas trop, parce que je suis plutôt admirative de ta classe, de ta silhouette plutôt pas mal, de ton élégance… mais j’ai vite compris qu’en fait tu te gênes, que tu es une pauvre oie blanche, terrorisée qu’on la drague. Moi aussi j’aime les femmes, et tu m’as franchement tapé dans l’œil, mais apparemment Madame ne s’abaisse pas à frayer avec le petit personnel. Dommage. Alors quand j’ai appris que tu te faisais brouter le gazon par une petite jeunette, je me suis vengée de ton arrogance, de ton dédain, surtout maintenant que tu te fais ramoner par le futur boss, qui correspond mieux au rang de Madame. Tu ratisses large en matière de cul, chapeau la pseudo-coincée ! Voilà. Et si tu veux me virer, je te colle le syndicat au cul et je te traîne aux prud’hommes. T’as d’autres questions ?

J’étais sidérée. Pétrifiée de honte. Anéantie. Quelle image j’avais dans la boîte… Une pimbêche coincée et arrogante, mal élevée, vieille fille acariâtre… pas sympa. J’étais ...