Semaine 1
Datte: 17/11/2024,
Catégories:
fagée,
bizarre,
forêt,
campagne,
collection,
Oral
journal,
occasion,
Auteur: Amateur de Blues, Source: Revebebe
... y aller pour regarder la télévision. Mais l’appareil était éteint et la pièce semblait vide. J’avais repéré lors de ma première visite dimanche, des étagères avec des livres, et je me demandais quels romans je pouvais y trouver. Je m’en approchai donc pour en lire les titres.
— Vous pouvez les emprunter si vous le souhaitez, dit une voix derrière moi.
Je sursautai et me retournai. Mme Dolignon était assise dans un grand fauteuil tourné vers les livres et dont je ne pouvais voir que le dossier en entrant dans la pièce. Elle était assise là sans rien faire, les mains sur les genoux. Elle n’était pas habillée mais enveloppée dans un grand peignoir délavé sous lequel elle avait encore sa chemise de nuit.
— Mais vous m’avez fait peur, Mme Dolignon, ai-je dit comme un idiot. Qu’est-ce que vous faites ici toute seule ?
Cela ne me regardait pas et j’avais parlé sans réfléchir mais elle ne sembla pas s’en offusquer. Elle regardait ses genoux en me répondant.
— Mon mari se tenait souvent dans ce fauteuil. C’était sa place favorite quand il était fatigué. Il lisait le journal, faisait des mots croisés. Alors je m’y assois maintenant. C’est bien mon tour, je suis tout le temps si fatiguée et je pense à lui, à toutes ces années où nous avons vécu ensemble comme, comment dire, comme deux voisins, voilà. On ne se disputait pas, oh non, Henri avait horreur des disputes mais on ne partageait pas grand-chose non plus. Il venait dans ce fauteuil et il avait ses activités, ...
... j’avais les miennes, voilà. Je suis désolée, Monsieur Noveli, je ne suis pas très gaie.
— Ce n’est pas grave. Je ne voulais pas vous déranger. Je vais faire un peu de cuisine, une tarte aux légumes, probablement. Vous voudrez la partager avec moi ? Disons, dans une heure ?
— C’est gentil, vous êtes vraiment un jeune homme moderne, n’est-ce pas, on n’en voit pas beaucoup par ici. Mais ce n’est pas à vous de vous occuper d’une femme aigrie, donc je vous remercie de votre proposition mais ne vous occupez pas de moi.
— C’est dommage, une tarte, c’est beaucoup trop pour moi, je préférerais partager. Et puis vous pourriez me raconter un peu des choses sur le village, je ne sais pas, pour que je m’intègre un peu mieux.
— Bon, si vous me le demandez comme un service…
J’ai fait ma tarte et nous l’avons mangé ensemble, elle avait mis la table et sorti une bouteille de vin blanc. Il était bon. Elle a à peine trempé ses lèvres dans son verre tandis que je descendais la moitié de la bouteille. Ma tarte aussi était réussie et là encore, elle en a grignoté un tout petit morceau pendant que je mangeais comme un ogre. Elle me regardait avec attention, j’étais un peu gêné et comme elle ne disait presque rien, je dus meubler la conversation en parlant de mes études, de ma famille et de mes premières journées de travail, évitant soigneusement les rencontres que j’avais faites. Le vin blanc m’aidait, et ses grands yeux noirs posés sur moi aussi. Je me rendis compte pendant le repas qu’elle ...