Semaine 1
Datte: 17/11/2024,
Catégories:
fagée,
bizarre,
forêt,
campagne,
collection,
Oral
journal,
occasion,
Auteur: Amateur de Blues, Source: Revebebe
Quand on n’a pas de parents derrière soi, c’est très difficile de réussir à étudier. Il faut se loger et manger, je ne parle pas des loisirs. Alors évidemment je travaille l’été. Cette année, j’ai trouvé un remplacement de trois semaines comme facteur dans un village du centre de la France, et encore grâce au « piston » d’un grand-oncle, qui habite dans le secteur, malheureusement pas assez près pour me loger.
Mais j’ai trouvé une solution acceptable. Une dame qui habite justement à côté de la Poste, une veuve très accueillante me loue une chambre, grande, confortable, calme. Elle m’a juste demandé de ne pas accueillir de jeunes filles en douce et je lui ai répondu que rien de cet ordre n’était prévu, ce qui est malheureusement vrai. Je n’ai jamais vécu à la campagne et je me sens un peu comme un étranger dans le village, voire comme un poisson hors de l’eau.
Je n’avais pas prévu de tenir un journal pendant ces trois semaines mais cette première journée a été si étrange qu’il me semble que je vais raconter à ce cahier ce qui se passe pendant mes journées dans ce village peu ordinaire. Donc, arrivé hier soir, j’ai commencé ce matin ma première tournée. Comme la titulaire est en congé maladie, personne n’a pu me faire faire un premier tour de village pour me familiariser avec les noms et les adresses. Le receveur m’a simplement assuré qu’il m’avait rangé les lettres dans le sens de la tournée et fourni un plan des rues du village et des hameaux qui en dépendent.
J’ai ...
... un vélo pour circuler, une belle machine, c’est un vrai plaisir de filer sur ces petites routes pratiquement sans voitures. Mais la méconnaissance du terrain m’a mis très en retard et quand je suis arrivé chez Mme Salem, à la sortie du village, j’en étais encore à la moitié de ma tournée, au vu de mes sacoches encore bien pleines. J’avais un petit Colissimo pour cette dame et j’ai donc dû frapper à sa porte. Elle était là et m’a ouvert aussitôt, une petite dame un peu voûtée, sans âge, habillée tout en noir.
— Bonjour, madame, c’est le facteur. J’ai un colis pour vous.
— Oh, ça alors, un nouveau petit facteur ! C’est votre premier jour ? Ne restez pas là, entrez, entrez.
— Je ne veux pas vous déranger. J’ai juste besoin d’une petite signature.
— Entrez deux minutes quand même, je vais vous offrir quelque chose. Ce n’est pas tous les jours qu’on a un nouveau jeune homme au village.
Je n’ai pas pu refuser et j’ai dû la suivre dans une grande cuisine assez sombre, où tout semblait obsolète, comme dans un écomusée.
— Asseyez-vous, asseyez-vous, dit-elle d’une voix chantante. Qu’est-ce que vous voulez boire ? C’est l’heure de l’apéro mais vous ne voulez peut-être pas le pastis en pleine tournée. Un café ? Un coca ?
Je ne voulais rien, juste continuer ma journée. J’étais déjà assez fatigué, le réveil avait sonné à cinq heures et j’étais inquiet de ce qu’il me restait à faire. Je dis qu’un petit café serait très bien parce que je l’imaginais vite bu. Malheureusement, ...