1. Semaine 1


    Datte: 17/11/2024, Catégories: fagée, bizarre, forêt, campagne, collection, Oral journal, occasion, Auteur: Amateur de Blues, Source: Revebebe

    ... devant la porte. Avec qui ? En fait, la porte n’était pas fermée, juste poussée. Je restais un moment immobile, aussi silencieux que possible pour bien écouter. Les gémissements étaient réguliers mais je n’entendais rien d’autre, ni voix, ni bruits de sommier, ni grognements de mâle.
    
    Alors, au risque de me faire prendre, je poussai très légèrement la porte pour avoir une vue sur le lit et vérifier ce qui s’y passait. Est-ce que c’était mal ? Certainement, mais je ne regrette pas du tout puisque je ne me suis pas fait voir. Et j’avais mérité une compensation après les échecs de la matinée et je ne savais encore rien de ma soirée. Suzanne était allongée sur son lit, même pas dévêtue. Elle avait les yeux fermés et une main entre les cuisses, l’autre derrière sa tête. Elle grimaçait comme si c’était douloureux mais je voyais bien qu’elle se donnait du plaisir. Je n’en voyais pas plus, sa cuisse blanche découverte par la robe me cachant le lieu de l’action. Heureusement, sinon je serais resté jusqu’au bout à l’observer. Mais j’ai fini par retourner dans ma chambre. Je me sentais de plus en plus proche de ma logeuse et si elle m’avait proposé de passer l’après-midi avec elle, je n’aurais pas hésité une seconde.
    
    Pourtant, j’étais seul dans mon lit et je m’endormis comme tous les après-midi. Ce travail était exténuant. Je dois à tout prix réussir mes études pour trouver une profession aux horaires plus cool. Quand je pense que des gens font ça toute leur vie, ce sont des héros ...
    ... !
    
    Quand je suis redescendu dans l’idée de boire un café pour me réveiller avant la séance de cinéma, j’ai entendu de la musique dans le couloir avant de constater qu’elle venait de la salle de bain. Une fois de plus, la porte n’était pas fermée et Suzanne Dolignon chantait à l’intérieur. Est-ce qu’elle souhaite que je la surprenne ? En tout cas, je n’ai pas pu m’empêcher de m’arrêter à nouveau pour essayer de l’espionner. Par la porte entrouverte, je ne voyais que son dos nu. Elle avait un drap de bain autour de la taille et le miroir face à elle ne reflétait ni son visage ni sa poitrine car je n’étais pas dans le bon axe. Ses cheveux étaient mouillés et détachés, elle qui avait toujours un chignon assez strict jusque-là, et ils étaient longs, descendant en mèches épaisses dans son dos, des gouttes ruisselant le long de ses vertèbres. C’était charmant et j’avais envie d’entrer. Mais je ne veux pas tout gâcher avec elle. Je suis bien chez elle, cela adoucit considérablement la pénibilité du séjour et le statu quo me semble préférable. Et puis elle était visiblement heureuse sans moi puisqu’elle chantait avec Léonard Cohen. Elle avait d’ailleurs une assez jolie voix. Est-ce que je suis en train de tomber amoureux d’une femme de cinquante ans ?
    
    À part ces petits bonheurs d’après-midi, la soirée n’a pas été à la hauteur de mes espérances. Je suis arrivé tôt devant la salle des fêtes, un bâtiment flambant neuf qui a dû endetter la commune mais donne aux habitants l’illusion ...
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