Semaine 1
Datte: 17/11/2024,
Catégories:
fagée,
bizarre,
forêt,
campagne,
collection,
Oral
journal,
occasion,
Auteur: Amateur de Blues, Source: Revebebe
... mari et moi, je me suis dit : c’est trop bête, Henri est mon mari et je n’en ai pas d’autres, je vais faire des efforts pour le reconquérir. Je me suis acheté de la jolie lingerie, par correspondance parce qu’ici… enfin bref, une nouvelle robe, coiffeur, petit repas aux chandelles. Le voilà qui rentre, tard, à l’époque je ne savais pas encore ce qu’il faisait en sortant du travail, je lui saute au cou, j’essaye de l’embrasser mais il me repousse, me dit qu’il est trop fatigué, qu’il a faim. Donc, on passe à table, j’avais grillé des truites aux amandes, il râle qu’il n’aime pas le poisson, il ne veut pas de mon vin blanc et s’enfile un grand verre de whisky avant d’aller s’effondrer dans son fauteuil avec une revue. Je suis restée comme une idiote dans la cuisine. J’ai débarrassé la table, nettoyé un peu ce qui traînait, en fait je n’osais pas aller le rejoindre. Et quand j’ai fini par y aller, il s’était endormi dans son fauteuil.
— C’est triste.
— C’est bien la dernière fois que j’ai fait des efforts de toilette pour un homme. Et aujourd’hui, pour vous ! Mais je ne tente pas de vous séduire, je veux juste arrêter de me plaindre tout le temps. Après cette soirée, il m’avait tellement déçu que j’ai essayé d’en savoir plus et j’ai fini par apprendre ce que tout le village savait. Il était obnubilé par une femme, sa maîtresse, enfin, la sienne et celle de je ne sais pas combien d’autres d’après la rumeur. Vous l’avez peut-être croisée, d’ailleurs, elle habite toujours à la ...
... sortie du village.
— Comment s’appelle-t-elle ?
— Salem. Daniella Salem, une vieille femme très moche, toujours en noir, une vraie sorcière. Il y en a qui disent qu’elle jette des sorts ou qu’elle fabrique des philtres pour piéger les hommes. Je n’y crois pas trop, mais je me suis toujours demandé ce qu’elle avait de plus que moi.
— Non, je ne vois pas, je ne la connais pas. Vous savez, je mets juste mes lettres dans les boîtes. En fait, je ne vois pas grand monde. Vous saviez et vous n’avez pas quitté Henri ?
— J’y ai songé et puis je me suis dit : à quoi bon ? Si je le quitte, je vais vieillir seule et cela ne me disait rien. Et puis deux ans après, on apprenait pour son cancer. Il est mort en six mois.
Je suis monté peu après. En écrivant mon compte-rendu de cette journée éprouvante, je me rends compte de plusieurs choses : je suis les traces d’Henri, je couche avec une et dîne avec l’autre. Suzanne est tout à fait désirable quand elle va bien et peu importe son âge. Tous ces désirs qui s’entremêlent, bien qu’ils m’occupent à plein temps, ne me suffisent pas. Quelque part, j’aspire à autre chose.
J’ai fait une nouvelle rencontre aujourd’hui et j’en suis tout excité. Peut-être qu’en le racontant, je comprendrais mieux ce qui se passe. La journée a bien commencé, un petit vent du nord amenait un peu de fraîcheur, je n’avais pas de courrier ni pour Daniella Salem ni pour les Lavergne et je maîtrisais de mieux en mieux les adresses. Il y en avait toutefois une nouvelle ...