Amours d'amazonie
Datte: 19/07/2019,
Catégories:
fh,
forêt,
Humour
aventure,
Auteur: Amazonikk, Source: Revebebe
... avançons moins vite, mais tu ne trébuches plus. Tu prends mieux garde où tu poses tes pieds. La fatigue semble s’être estompée devant les nouvelles sensations. Tu sembles rayonner. Nous nous arrêtons souvent pour écouter les bruits, pour te montrer là un toucan, et ici un mouton-paresseux se déplaçant au ralenti sur les hautes branches, contourner un nid de guêpe à la texture de carton, pendant sous une palme. Tu poses des questions en chuchotant, après que ton regard vif ait observé quelque chose.
Un serpent sur une basse branche souffle quelques instants, furieux et inquiet de s’être laissé attraper, puis, rassuré de ne pas se sentir prisonnier ni maltraité, chemine sur mon bras, mes épaules, comme sur la branche qu’il vient de quitter.
Ses écailles s’irisent de couleurs chatoyantes dans le rai de lumière qui l’éclaire. Passée la première répulsion la curiosité prend le dessus et tu tends doucement la main pour effleurer son dos. Hé non, ce n’est pas froid et gluant, mais doux et tiède ! Tu me décoches un sourire rayonnant. Tout tranquillement, il glisse de ton bras droit à ton bras gauche, puis prend appui sur une branche, continue sa route et disparaît dans l’épaisseur du feuillage.
Il nous a déjà oubliés dans le respect de cette éphémère rencontre.
Un chuchotement émerveillé :
— C’était quoi ?
— Un boa arc en ciel.
— Ils sont tous comme ça ?
— Comme ça comment ?
— Aussi gentils ?
— Aucune raison d’être autrement.
Un temps de réflexion, puis :
— ...
... Je l’aime bien cette forêt…
— Elle va t’aimer aussi.
Nous reprenons la marche, suivant maintenant le lit d’une minuscule crique qui se faufile entre les racines, nous arrêtant au passage pour admirer les formes torturées des racines d’un arbre, un nœud de lianes inextricablement mêlées à cinq mètres de hauteur, les épines des palmiers nains, un petit crapaud feuille qui ne doit qu’à son mouvement le fait de s’être laissé repérer, un insecte d’or vert : bijou vivant qui chemine sur une feuille dentelée…
Pendant un long moment, nous cherchons à repérer dans les branchages le pay-païau, l’oiseau sentinelle qui, de son sifflement strident en trois octaves, annonce l’arrivée des intrus à la forêt toute entière qui suspend un instant son activité, puis reprend son rythme.
De surprise en surprise, de découverte en découverte, tu as oublié depuis longtemps la touffeur du lieu et la sueur qui ruisselle. Tes regards précèdent tes pieds qui se posent avec douceur sur le sol, évitent les embûches avec grâce.
Une fée sylvestre n’y serait pas plus à l’aise.
oooOOOooo
Un dernier coup de sabre : le dernier rideau de végétation choit, dévoilant les cascades qui s’élancent des rochers surplombants. Elles pleuvent dans un bassin cristallin niché dans un écrin de verdure. Les rares rayons du soleil qui percent la canopée donnent au lieu une douce lueur verdâtre. Un autre monde, habité d’odeurs intimes de moisissures, des mille bruits qui finissent par vous emporter comme sur ...