Amours d'amazonie
Datte: 19/07/2019,
Catégories:
fh,
forêt,
Humour
aventure,
Auteur: Amazonikk, Source: Revebebe
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Depuis toutes ces années que nous communiquions par cyber-ondes interposées… Depuis tout ce temps, avait grandi un intérêt mutuel, puis une profonde complicité. Les mois passants, une intimité platonique s’était épanouie.
Nous nous étions créé un mythe sur chacun de nos personnages :
Moi, sur la fraîche citadine naïve et innocente, sur laquelle je bâtissais des idylles au sein des terres vierges du nouveau monde.
Toi, sur des images démodées des personnages décalés de films d’aventure.
Tu étais impressionnée par cette vie qui n’était pourtant qu’un quotidien. Je me sentais étranger au tien, sans autre horizon qu’un confort d’ennui gris, comme l’oscilloscope d’un mort qui se traînerait de routine en routine au sein de la vieille Europe, et ne pouvais me résoudre à t’y rejoindre.
Alors je te parlais des couleurs, des bruits, des rencontres étranges, d’une vie tellement différente dans laquelle nous évoquions les plaisirs que nous aurions à nous découvrir vraiment dans un lieu oublié de tout. Un monde où tout pourrait commencer.
Alors, sur un coup de tête, tu as franchi le pas, mis aux oubliettes toutes les histoires terrifiantes lues, entendues, sur la plus grandiose forêt du monde. Tu t’es retrouvée, un beau matin, un billet d’avion dans la poche, deux tee-shirts, une paire de sandales, trois culottes dans un sac. Un rendez-vous au pavillon des maladies tropicales pour un vaccin. Nul besoin d’autre chose.
L’impulsion vers le changement est ...
... souvent difficile, mais les évènements s’enchaînent ensuite avec une étonnante facilité.
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Quelques jours après, je te récupérais à l’aéroport. Mon cœur battait fort quand tu as poussé la porte des douanes, ton maigre sac au bout des doigts. Mais tes joues étaient plus rouges et tes yeux brillaient bien plus fort que la moiteur du climat ne l’y autorisait.
Un petit sourire de part et d’autre, un chaste baiser au coin de la joue, des mots sans intérêt sur la longueur du voyage, le temps qu’il faisait là haut…
Juste l’envie réciproque d’être loin et seuls.
Une plaisanterie enjouée sur la boue rouge qui recouvre mon vieux tacot sans âge qui jure au milieu de ces 4x4 tout neufs qui ne connaissaient des cahots de l’aventure que le dénivelé des trottoirs de la ville et les ralentisseurs des parkings de supermarchés.
Une remarque amusée sur l’odeur d’huile et le bazar indescriptible qui règne à l’intérieur. J’avais pourtant dégagé la place passager des cordages et outils, et vérifié qu’aucun scorpion ni mygale n’ait élu domicile sous les sièges.
— Où veux-tu dormir ce soir ?
Un froncement de nez, un regard en coin, mi-amusé, mi-outré. Réalisant l’incongruité de la demande, je rattrape au vol :
— Au fond d’une pirogue au milieu d’un fleuve, dans un village amérindien, sur une plateforme posée sur la canopée, au milieu de la forêt ?
— Heu, c’est possible ?
— Tout l’est.
— Mmmmh, alors, d’accord pour le milieu de la forêt !
Je passe une vitesse et ...