L'ascenseur
Datte: 22/09/2024,
Catégories:
Entre-nous,
Hétéro
Auteur: Theovanquint, Source: Hds
Les portes s’ouvrent, se referment. La cabine interrompt sa course. La lumière disparaît. L’espace se rétrécit. Le temps s’allonge. L’incertitude et l’inquiétude guettent les passagers involontaires d’un voyage statique.
La porte s'ouvrait.
La porte se fermait.
Je n'étais plus seul dans l’ascenseur.
J’aurais dû sortir pour continuer mon travail de technicien de surface, joli euphémisme pour un nettoyeur de bureau.
Mais je n’étais pas descendu.
J’étais resté.
Parce qu’une femme était montée.
Parce que je l’avais toisée de mes regards.
Le visage tout en rectangles, muni d’une paire de lunettes sévères, les cheveux coupés très courts, à ras de nuque, elle était habillée en costume-jupe, un porte-documents en cuir de porc gris serré sous le bras droit. Son apparence me laissait deviner qu’elle travaillait au cabinet d'avocats qui se trouvait à l’étage où on venait de s’arrêter et de repartir. Elle rayonnait efficacité, sens des affaires et sobriété. Pour détruire cette image de froideur, je me l’imaginais tout de suite très chaude. Elle n'avait pas encore trente ans et était déjà grise, non pas prématurément parce que la responsabilité impliquait tant de soucis, mais parce qu'elle s'était teint les cheveux en gris pour qu'ils soient assortis au tissu gris anthracite de son costume-jupe. Plus que la coupe et le tissu de ses vêtements cela me montrait qu'elle avait du style. Mais malgré le caractère sobre de ce style elle ne laissait pas trainer le ...
... moindre doute qu'elle était femme, très, très femme. Cette féminité se montrait dans les talons hauts, gris aussi, les bas-couture noirs, les ongles également peints gris et l'incision de ses seins dans le col de chemise entr’ouvert. Avec encore plus de zèle je voulais qu'elle soit chaude. Je me l’imaginais nue, en train de se faire baiser à quatre pattes, le cul et la chatte en l’air, en train de jouir comme une garce éhontée. Sur le coup je me décidais à la draguer.
« Votre journée de travail vient de se terminer ?», j’essayais de l’entraîner à la conversation « Ma soirée de travail vient de commencer. ». Il était en effet déjà huit heures du soir. Elle ne prit même pas la peine de répondre, sans doute aucun parce que dans ma tenue de nettoyeur elle me jugeait loin en dessous de sa classe sociale, mais regardait sa montre d’un air ennuyé comme si elle voulait encourager l’ascenseur d’accélérer sa descente et la libérer de ma présence et mes propos intrusifs.
Une annonce interrompt la course du temps, celle des rendez-vous effrénés, celle de l’ascenseur. Il faut continuer à travailler. Garder le silence ou dialoguer avec un compagnon de voyage qu’elle n’a pas choisi. La peur rapproche celles et ceux qui y succombent.
Et puis l'ascenseur s'arrêta.
Et puis la lumière s'éteignit.
« Nom de dieu », jura-t-elle, brisant son image froide. Cela me fit brièvement ricaner. Pourquoi se faisait-elle des soucis ? Le système d'urgence allait se mettre en marche dans quelques ...