Mutinerie au Congo, Chapitre 02
Datte: 05/08/2024,
Catégories:
Non Consentement / À contre-cœur
Auteur: byHBuff, Source: Literotica
... Nous allons envoyer des renforts avec des pièces d'artillerie pour riposter à ces satanés navires. »
Le tout nouveau colonel avait dit « mon capitaine » par la force d'une longue habitude de s'adresser ainsi à l'officier belge.
« Mon colonel, » lui répondit Gilles LeBlanc, « je vous conseille respectueusement, mais vivement, d'y aller sans artillerie. Je recommanderais de n'envoyer que des troupes pour apaiser les mutins. Je suis en train de téléphoner à Bruxelles pour qu'on finisse par ordonner à ces maudits navires de ficher le camp. »
« Négatif, mon capitaine. On ne peut pas risquer que ces frégates tirent sur nos hommes. Sans artillerie, ils feront de belles cibles! »
« Pas si je joins mes contacts à Bruxelles. Croyez-moi, mon colonel, ces navires vont recevoir l'ordre de faire demi-tour. Si vous envoyez le bataillon avec de l'artillerie, les avions d'observation belges verront cela; ils jugeront qu'il y a menace pour leurs navires, et notre colonne risquera alors de subir une frappe aérienne sur la route de Port Matadi. »
« Ils n'oseraient pas! »
« D'après ce que j'ai entendu de cet imbécile qui commande à Léopoldville, il y a de gros galonnés en goguette qui ont envie de faire joujou avec leurs canons aujourd'hui. »
Il voulait détendre l'atmosphère, mais le colonel n'entendait pas à rire.
« Ils feront mieux de s'abstenir! » tonna le colonel nègre d'une voix chargée de menace.
« Mon colonel, mon appel va passer à Bruxelles. Même sans ...
... artillerie, le deuxième bataillon ne risquera rien à Port Matadi. »
« La colonne va partir maintenant, avec pièces d'artillerie, et c'est un ordre! Faites votre appel aux gros bonnets de Bruxelles. Tant mieux si ça marche! »
Gilles LeBlanc voulait joindre un lieutenant-général qu'il connaissait bien pour avoir combattu à ses côtés en 1940; il lui avait presque carrément sauvé la vie lors d'une embuscade près de Dunkerque. Ce lieutenant-général était le comte Alexandre du Boys-Joly-Sainte-Croix, un parent du roi au cinquième degré.
Il put téléphoner au manoir du comte, près de Gand, où le majordome, un dénommé Nestor, lui dit que celui-ci se trouvait malheureusement en vacances à Nice. Il tenta ensuite de joindre deux autres généraux, en vain. Enfin, il tâcha de joindre le général Hervieux Merteens, chef d'état-major des forces armées belges. Il insista en disant que c'était extrêmement urgent, que des vies étaient en jeu.
Le deuxième bataillon était parti pour Port Matadi.
Il était deux heures de l'après-midi et des poussières quand le capitaine-commandant Gilles LeBlanc réussit enfin à joindre le général Hervieux Merteens à Bruxelles. Le général le connaissait par son prénom; ils s'étaient rencontrés trois ans plus tôt lors d'une réception officielle, à Gand, au château Geeraard de Duivelsteen.
C'est le lieutenant-général et comte Alexandre du Boys-Joly-Sainte-Croix qui l'avait présenté. Gilles LeBlanc se reprocha amèrement de ne pas avoir joué davantage de ses ...