1. La Lettre


    Datte: 13/07/2019, Catégories: h, jeunes, Inceste / Tabou vacances, hotel, amour, revede, init, Auteur: OlivierK, Source: Revebebe

    Nous avons le même âge, cher ami. Ceux qui ne nous connaissent guère le disent parfois respectable… Vous savez donc ce qu’il en était, quand nous étions adolescents, et même quand nous avions dépassé l’adolescence. Faute de téléphone portable, et les téléphones ordinaires étant eux-mêmes fort rares, que faire d’autre qu’écrire, quand on était amoureux ? Amoureux, je l’étais. Follement, me semblait-il. Mais avec ce que l’on nommait "pureté". Les frères des écoles chrétiennes étaient passés par là, et j’avais été scout. J’étais amoureux d’une mienne cousine, fort lointaine par la parenté, mais combien proche par le sentiment !
    
    Je la connaissais depuis notre petite enfance. Ses cheveux tirés en arrière en queue de cheval dégageaient un front têtu. Elle avait des yeux noisette, des bras et des jambes robustes. Elle courrait presque aussi vite que moi dans les ruelles de notre vieille ville. Ne me traitez pas de fat si je vous affirme qu’elle me regardait avec admiration. Nous étions des enfants, mais j’avais deux ans de plus qu’elle.
    
    Le vert paradis ! Elle avait quinze ans quand je lui pris furtivement la main, une nuit, pendant la messe. C’était le soir de Noël, vous l’avez compris. Combien de temps avons-nous attendu, ensuite, avant de nous embrasser ? Des années, des siècles…
    
    Mon père ayant été muté, les premiers temps je ne retrouvais Monique que certains dimanches, encore et toujours à la messe, qui était célébrée en latin, en ce temps-là. "Introïbo ad altare dei" ...
    ... clamait l’officiant. L’enfant de cœur répliquait, trop vite et bafouillant un peu : "Ad deum qui laetificat juventumem meam". À la fin, le prêtre apostrophait un ange, ou plutôt un archange : "Prince de la milice céleste…" J’ai longtemps trouvé cela poétique en diable.
    
    Nous quittions les lieux saints juste à la fin de cette diatribe et nous allions nous promener dans le jardin public, de onze heures à midi. Mes parents, en effet, venaient rendre visite à leurs parents environ un dimanche sur deux, et je faisais naturellement partie du voyage. Après le repas familial et l’ennui de l’inutile après-midi, il fallait repartir, le cœur gros "de rancune et de désirs amers" comme dit notre cher Baudelaire.
    
    Plus tard, la faculté de droit me mit enfin en contact avec de nombreuses filles de mon age. Mon père prétendait qu’en première année, nombre d’entre elles se contentaient de chercher un mari, et qu’il me fallait prendre garde. Avertissement inutile : J’étais amoureux ailleurs, je ne regardais personne.
    
    Vous vous rappelez qu’il était puni par la loi, en ce temps-là, de faire de la propagande pour la contraception. On s’intéressait plus à l’Immaculée Conception ! L’Église ne s’opposait cependant pas à la méthode Ogino. Les magazines annonçaient de temps en temps, à grand renfort de titres en gros caractères, que la femme n’était féconde que quelques jours par mois. Il suffisait de s’abstenir au bon moment. Enfin, un peu plus, avant et après, parce que le cycle pouvait n’être ...
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