Bullet Proof - Histoires de Sexe

Bullet Proof

... Au moins, avec Pauline, on pouvait se charger réciproquement, vu que les conneries, on les faisait souvent à deux. Jérémy, il allait toujours en cours, il avait toujours la moyenne, il était toujours à l’heure, et il sautait personne. Enfin, à ma connaissance.

— Bon, t’as pas rappelé l’autre, au moins ?

L’autre. Celui dont on ne prononçait plus le nom, comme Voldemort dans Harry Potter. Je lançai un coup d’œil rageux sur mon ami, et repris la contemplation de mon verre.

— Tu comptes la boire, ton aspirine ? Parce que là, y a rien qui fait effet pour l’instant, reprit Jérémy, soudain un peu grincheux.
— Ouais, je vais le prendre, mon petit cachet. Mais ne t’inquiète pas, Maryse m’a déjà refilé un comprimé de 1000 ce matin.
— Mouais. Et ça va mieux ?
— Bah, j’ai dormi tout l’après-midi. Techniquement, je suis en meilleure forme.
— Tu devrais peut-être rentrer chez toi, non ?
— Bien sûr ! Comme ça mes parents comprendront que je suis définitivement un cas perdu ! Une looseuse, une ratée de merde, parce que je suis incapable de laisser ma petite culotte en place !
— T’as pas de culotte ? s’étonna Jérémy, les sourcils froncés. Ouvre ton peignoir, je vois pas.
— Mais si, p’tain, tu comprends rien !
— Hum.
— C’est parce que tu sais pas tout.
— Comme quoi ?

Mutisme. Je ravalai ma bile, me penchai et bus mon verre d’une traite. C’était tellement dégoûtant que j’eus un haut-le-cœur.

— Elle a peut-être vraiment la gastro ? se demanda Jérémy d’un air ...

... méfiant.
— P’tain… Jérémy, s’il te plaît… tu ne vas pas t’y mettre toi aussi ? Et y avait quoi dans ton chichon hier soir ?

Jérémy haussa les épaules, se leva et partit chercher sa gratte. Je l’écoutai faire son cling-cling un moment, mais n’en démordais pas pour autant. Quand il s’assit à côté de moi, le visage fendu d’un sourire fossettes, je lui mis une tape sur le bras :

— Y avait quoi dedans, Jérémy ? insistai-je. Je suis malade comme un chien !
— Ouais, c’est sans doute l’alcool, affirma-t-il dans une ombre de sourire.
— Tu ne me feras pas croire qu’une bouteille de pinard peut avoir cet effet-là sur moi après plus de 12 heures !
— Je suis pas malade, moi, avança-t-il d’un air innocent, reprenant ses cordes.

Il commença quelques accords et se mit à chanter.

— I’m a looser babyyy… so, why dont’you kill meeee…

J’éclatai de rire, et le regardai prendre des airs de Beck en faisant le malin sur sa guitare.

— Soyyy…un perdedor… I’m a looser babyyyy… so why don’t you kill meee…
— Pff, tu l’as dit ! pouffai-je.
— Han ? tu trouves que je suis un looser ?
— Tu es l’exacte antithèse du looser, Jem… C’est moi la looseuse.
— Dis pas ça… tu es jeune, tu as le droit de faire des erreurs.
— T’en fais jamais, toi, rétorquai-je. T’es jeune aussi.

Il opina de la tête avec gravité, posa sa guitare à côté du clic-clac, et se tourna vers moi en s’accoudant au dossier. Son regard perçant me surprit. C’est fou comme cela lui changeait le visage, de ne plus porter ses ...