1. Le facteur - semaine 2


    Datte: 27/03/2024, Catégories: fh, fplusag, fagée, jeunes, gros(ses), grosseins, groscul, bain, campagne, Oral pénétratio, journal, occasion, Auteur: Amateur de Blues, Source: Revebebe

    ... curieusement des lunettes de soleil à l’intérieur. C’était d’autant plus bizarre qu’il faisait particulièrement sombre chez elle.
    
    Mais j’ai vite compris quand elle s’est mise à préparer le café. Elle tâtonnait avec ses mains pour trouver les tiroirs et les objets sur son plan de travail. Elle avançait à tous petits pas. En fait, cette dame était aveugle.
    
    — Est-ce que je peux vous aider ? ai-je demandé en la voyant en difficulté pour verser le café dans le filtre.
    — Non, vous ne pouvez pas, me répondit-elle avec un sourire qu’elle adressait au mur à côté de moi. Si vous m’aidiez, je me sentirais plus incapable encore que je ne le suis.
    — Vous n’êtes pas incapable, voyons, vous êtes malvoyante.
    — Je rêve toujours que les gens ne s’en rendent pas compte. Je ne suis pas malvoyante, d’ailleurs, mais aveugle de naissance. Et cela ne m’empêche pas du tout d’être ou de ne pas être incapable. Je suis capable de vous préparer un café.
    — Excusez ma curiosité mais vous vivez seule ?
    — Une aide-ménagère vient deux fois par semaine et j’ai un frère qui passe me voir pratiquement chaque week-end. Donc vous voyez que je suis très capable pour beaucoup d’actes de la vie quotidienne.
    — J’ai du mal à imaginer comment je parviendrais à me débrouiller dans votre situation. Je vous admire.
    — Oh il ne faut surtout pas, dit-elle en riant et en venant s’asseoir tout près de moi sur le canapé où je m’étais installé par manque de directives. Je ne suis pas admirable. Il y a tellement de ...
    ... domaines où je suis vraiment incapable.
    
    Elle était assise près de moi et je pouvais la regarder sans crainte de son regard en retour. Elle avait une quarantaine d’années, était petite je l’ai dit, mais plus encore une fois assise et tout était bien fait chez elle, je veux dire ses oreilles, son nez, le dessin de sa bouche, les courbes de son corps. Ses cheveux bruns brillaient dans la pièce sombre, retenus sur sa tête en un savant chignon.
    
    — Votre chignon, par exemple, repris-je. C’est vous qui le faites ?
    — Oh c’est très facile, ça. Mais si vous avez remarqué mon chignon, c’est que vous me regardez, n’est-ce pas ? Eh bien moi, je suis incapable d’avoir la moindre idée de ce à quoi je ressemble.
    — Vous êtes une jolie femme, si je peux me permettre, madame Lenoir.
    — Je m’appelle Mélie.
    — Moi c’est Antoine.
    — Eh bien Antoine, je vais vous dire pourquoi je suis incapable. Je suis incapable de plaire assez à un homme pour qu’il veuille passer du temps avec moi. N’est-ce pas une grande incapacité que cela ?
    — Je ne sais pas. Je suis moi aussi célibataire.
    — Mais ce n’est pas du tout pareil. Vous êtes tout jeune, vous avez la vie devant vous.
    — Vous aussi, Mélie, vous êtes encore jeune. Et comment savez-vous mon âge, sans me voir ?
    — Ah, il faut bien que nous compensions notre handicap. J’ai des antennes pour savoir des choses sur les gens. Par exemple, je sais que vous êtes un beau garçon, sportif et intelligent. Je n’ai pas besoin de vous voir pour ça.
    
    Je n’ai pas ...
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