1. Fanfreluches et clef à molette


    Datte: 11/07/2019, Catégories: nonéro, mélo, Auteur: Hidden Side, Source: Revebebe

    ... L’horloge du salon indiquait fièrement 19 h 15, ce qui laissait un peu moins de trois heures de lumière estivale, franche et claire, avant l’obscurité.
    
    Si Alain devait revenir aujourd’hui, ce serait avant la nuit. Ensuite, il ne lui serait plus possible de s’aventurer dehors. Un piège aussi dangereux que les vampires de Robert Neville l’attendait dans le noir ; le labyrinthe de carcasses calcinées qui séparait nos deux abris. En l’absence d’éclairage public, malheur aux présomptueux qui oserait s’aventurer dans ce gigantesque cimetière automobile…
    
    Marre, de trembler pour lui. Je repoussai mes craintes de la façon la plus simple qui soit, en chassant Alain de mes de pensées. Cet inconscient avait voulu sortir sans chaperon ? Très bien, qu’à cela ne tienne ! S’il lui arrivait quoi que ce soit, il n’aurait qu’à s’en prendre à lui-même !
    
    Des choses bien plus importantes m’occupaient l’esprit. Le cap des 45 kg franchi, ma poitrine était enfin assez ronde pour supporter le port du soutien-gorge. Ô joie ! Ô bonheur ! Goûter à nouveau les plaisirs raffinés de la fanfreluche, c’était redevenir femme à part entière. Et puis, comme on dit, à toute chose malheur est bon ; l’absence d’Alain me permettait de faire mes essayages au salon, en profitant des glaces murales pour me détailler sous tous les angles, au passage…
    
    Une fois mon petit-déjeuner avalé, je descendis dans la pièce de stockage. J’en revins les bras chargés de cartons. Me campant devant le grand miroir, entre la ...
    ... bicyclette stationnaire et l’appareil abdos-fessiers, je me déshabillai entièrement. Première impression… horrible. Face à moi se tenait une rescapée de la vie, limite baisable. Certes, mais encore ? Après un bon moment à détailler ma chute de reins, j’émis un diagnostic plus nuancé. Ok, un peu moins maigre, un peu plus musclée, je ne ressemblais plus à un cancrelat passé sous une presse hydraulique. Cependant, bien que je ne fisse plus peur, j’étais encore loin du compte…
    
    Après m’être démoli le moral comme il faut, il était temps à présent de passer à la phase essayage. Je sortis du carton les vieux soutiens-gorge d’Élodie, fit un tri rapide des bonnets en mettant de côté les moins amples, puis préparai une provision de coton pour le rembourrage. En quelques minutes, j’avais sélectionné trois coordonnés qui ne me rendraient pas trop ridicule. Je les essayai les uns après les autres, prenant des pauses pour vérifier la bonne tenue de l’ensemble, mannequin compris. Pas trop mal. Si Alain voulait toujours me mettre le grappin dessus, j’avais un minimum de répondant…
    
    Puis, d’un seul coup, sans prévenir, les lumières se sont éteintes et la stridence d’une alarme a déchiré l’air. Je n’y étais absolument pas préparée. Pétrifiée, je me suis mise aussitôt à pousser des cris de terreur…
    
    ooOOoo
    
    Une peur abjecte avait noyé toute lucidité en moi. Je ne sais pas combien de temps je suis restée là, à hurler dans le noir en compagnie de l’alarme, avant qu’un îlot de rationalité ...
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