1. Fanfreluches et clef à molette


    Datte: 11/07/2019, Catégories: nonéro, mélo, Auteur: Hidden Side, Source: Revebebe

    ... certitude qu’Alain ne me laisserait pas tomber. Il allait revenir, c’était écrit…
    
    Tandis que je terminais ma cueillette, un sourire éclairait mon visage. Son retour serait l’occasion d’un nouveau départ, et s’il voulait encore m’embrasser, je laisserai les choses se faire cette fois. Piotr ne sortirait jamais ni de ma mémoire ni de mon cœur. Mais je savais à présent qu’Alain aussi y occupait une place. Une place qui allait croissant. Je me pris à rêver malgré moi de ses mains autour de ma taille, de ses bras puissants pour m’abandonner, avant que nos bouches se réunissent et que nos deux corps se fondent en un seul
    
    En quelques minutes, mon panier regorgeait de haricots, de courgettes et de belles tomates. Si nous étions capables de cultiver des légumes au fond d’un trou, alors pourquoi ne pourrions-nous pas aussi restaurer un coin de paradis en surface ? Peut-être pas tout de suite, mais dans trois ou quatre ans… ?
    
    La serre était ainsi, un lieu bénéfique, gorgé de vie, qui ne pouvait inspirer que sérénité et foi en l’avenir.
    
    Une fois ma tâche achevée, je trompai mon attente en me plongeant dans un bouquin pris au hasard sur l’étagère murale : « Je suis une légende », de Richard Matheson. Notre monde apocalyptique n’avait rien à envier à l’univers inquiétant évoqué par l’auteur… Dans ce livre, une guerre nucléaire créait un germe capable d’éradiquer l’espèce humaine et transformant les survivants en vampires.
    
    Durant le reste de la « soirée », je ...
    ... m’enthousiasmai pour l’inventivité et la pugnacité rageuse de Robert Neville, seul être vivant de Los Angeles, je tremblai à l’évocation des hordes de vampires assiégeant sa maison forteresse. Pauvre Neville ! Avec ses appels radio infructueux, son courage obstiné, son besoin idiot de se sauver lui-même en sauvant le monde, il me rappelait terriblement Alain…
    
    Le parallèle entre cette œuvre de fiction, écrite dans les années cinquante, et notre propre situation était tout bonnement vertigineux, hallucinant. Il y avait des similitudes incroyables, entre la prison asile du dernier homme sur terre et notre bunker souterrain, l’assaut nocturne des suceurs de sang et les radiations que nous-mêmes devions repousser. Jusqu’à la pauvre femme terrorisée, ultime survivante de ce monde crevé, que Neville finissait par ramener au cœur de son refuge…
    
    Tard, très tard cette « nuit »-là, je reposai le livre, la gorge serrée. Alain n’était toujours pas rentré. Sans que je puisse m’en empêcher, une pensée morbide fusa dans mon esprit. Mon compagnon allait-il finir comme Robert Neville, condamné à mort par une meute de contaminés vociférants… ?
    
    ooOOoo
    
    À mon réveil le lendemain, j’étais toujours seule. Pour la première fois depuis des mois, je me préoccupai du temps qu’il faisait en surface, mais bien sûr impossible de connaître les conditions atmosphériques sans sortir de l’abri (m’est avis qu’on n’était pas près de revoir la présentatrice météo, ni même le JT). Faisait-il encore jour dehors ? ...
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