Fanfreluches et clef à molette
Datte: 11/07/2019,
Catégories:
nonéro,
mélo,
Auteur: Hidden Side, Source: Revebebe
... Stop ! Assez déliré ! Aux dernières nouvelles, ton héros n’a rien du type prêt à se foutre en l’air, me résonnais-je. C’est pas une tête brûlée. S’il fait ça, c’est qu’il a ses raisons… et qu’il a assuré ses arrières.
Une évidence s’imposa soudain à moi. Je connaissais sa destination ! Il n’y avait qu’un seul endroit où il puisse tenir aussi longtemps, hors de l’abri. Mon ancien bunker, sous l’hôpital Chennevier… Je n’avais aucune idée de ce qui le poussait à se rendre là-bas, mais je décidai de le découvrir très rapidement. Alain ayant réquisitionné le quad, je devrais marcher pour le rejoindre. Cela ne me fit pas hésiter plus d’une seconde. Sans me préoccuper le moins du monde de ses mises en garde, j’endossai à mon tour une combinaison.
— Alors là, mon petit père, c’est pas toi qui va faire la loi ! Rira bien qui rira le dernier…
Toute à ma fureur et à ma précipitation, je ne compris pas tout de suite pourquoi le sas me refusait le passage. Puis je remarquai les grandes lettres bleutées défilant sur l’afficheur :
ALERTE RADIOACTIVE – ABRI VERROUILLÉ
Alain m’avait parlé de l’énigme de Keller. Mes doigts survolèrent nerveusement le clavier métallique, mais seul un vilain bip de dénégation daigna se produire.
Ce fumier avait changé le code de sécurité ! Non content de me laisser seule dans l’abri, mon garde chiourme s’était envolé avec la clé du coffre… Je me jurai de lui faire payer ça. J’allais lui couper les couilles, moi ! Et les cuisiner en rognon, ...
... avec une sauce au vin blanc ! Si tant est, bien sûr, qu’il revienne entier de son expédition. En attendant, je me retrouvais bel et bien emmurée vivante…
ooOOoo
Les heures s’écoulèrent lentement, très lentement. Peu à peu, ma colère fit place à l’inquiétude, l’inquiétude à l’anxiété. Mais ce n’était pas pour moi que j’angoissais. D’ici à quelques mois, l’abri se déverrouillerait de lui-même, une fois la radioactivité stabilisée. Quant à la nourriture, je ne risquais pas de crever de faim. Pas cette fois. Sur les rayonnages, il y avait assez de bouffe pour me transformer en sumo femelle durant les cinquante années à venir…
Non, c’était le sort d’Alain qui me préoccupait. Dehors, il pouvait lui arriver n’importe quoi. Je n’avais aucun moyen de savoir s’il était en danger, sans même parler de le secourir ! Et à présent que je m’étais habituée à ce monstre de misogynie, je n’envisageais plus de vivre sans lui.
Ah là là… Pourquoi faut-il que les gens disparaissent pour que l’on se rende compte à quel point on tient à eux ?
— Alain, si tu reviens, je promets de pas toucher à tes bijoux de famille, murmurai-je, en guise d’incantation.
Je descendis m’occuper les mains dans la serre. C’est bien connu, dorloter les plantes apaise. Après tout, c’était les seuls êtres vivants à partager encore l’abri avec moi…
Au fur et à mesure que je taillais et récoltais, un calme étrange s’insinua sous mon crâne. Ce n’était pas de la résignation, plutôt une confiance retrouvée, la ...