Fanfreluches et clef à molette
Datte: 11/07/2019,
Catégories:
nonéro,
mélo,
Auteur: Hidden Side, Source: Revebebe
... entrouverte – je pénétrai dans le local de décontamination. Un message défilait sur le panneau blindé, éclairant le réduit de ses lettres pâles :
PUISSANCE 3% – ACTIVER PROCÉDURE D’URGENCE – CIRCUIT DE SECOURS INOPÉRANT…
Je pigeais rien à ce galimatias ! Quelle procédure d’urgence ? Où ça, un circuit de secours ? Il n’en était fait mention nulle part dans le fascicule ! OK, j’y réfléchirai plus tard… Mon urgence à moi, pour l’instant, c’était Alain !
— ALAIN ! ALAIN, JE SUIS LA ! hurlais-je comme une forcenée, en tambourinant sur le panneau.
Je m’interrompis, espérant qu’il m’ait entendue à travers l’épaisse paroi. Mon compagnon avait cessé de s’escrimer sur la porte. Il avait compris, nous avions réussi à communiquer ! Alain était là, à cinq centimètres à peine, engoncé dans sa combinaison NRBC. Si proche, et pourtant parfaitement inaccessible ! Un océan aurait pu nous séparer que ça n’aurait fait aucune différence.
J’aurais voulu qu’il me serre contre lui, qu’il me prenne dans ses bras… Songer que je n’en aurais peut-être jamais l’occasion me fit monter les larmes aux yeux.
Remplaçant les raclements, j’entendis tout à coup un pic pic étrange. Je collai mon oreille au panneau glacé. Une pointe de métal heurtait l’acier à petits coups discontinus. Du morse ! Alain me faisait passer un message. Le plus universel qui soit : trois coups rapprochés, trois coups longs, de nouveau trois coups rapprochés. Puis une pause… Un SOS !
ooOOoo
La situation ...
... m’apparut soudain dans toute sa tragique simplicité. La nuit étant tombée, Alain ne pouvait plus rejoindre mon ancien bunker de Créteil. Pas avant plusieurs heures, en tout cas. D’ici là, il aurait épuisé tout l’oxygène de son respirateur isolant. Peut-être même était-il déjà en limite d’autonomie ! Voilà qui éclairait d’un jour nouveau ses efforts pour débloquer le sas…
Tout reposait sur mes épaules à présent. Des doigts froids me serrèrent douloureusement la gorge. La camarde n’était pas loin, et cette vieille truie réclamait son dû.
Lorsqu’on l’évoque, la mort reste la plupart du temps une notion théorique, lointaine. Quelque chose qui doit arriver un jour, le plus tard possible de préférence… Là, on était en plein dans la réalité, un immédiat on ne peut plus concret ! Derrière cette porte, une existence allait peut-être prendre fin, et l’être humain à qui ça arrivait comptait sur moi pour empêcher que ça ne se produise.
— T’affole pas, Eva ! Si tu paniques, c’est cuit, vous mourrez tous les deux !
Ne pas paniquer ? Facile à dire, quand le seul moyen concret de s’en sortir, c’était de relancer cette saleté de génératrice ! Je doutais déjà d’y arriver avec tout le temps nécessaire, alors maintenant que les minutes m’étaient comptées….
— Et donc, tu envisages quoi, pauvre conne ? T’asseoir par terre les bras croisés, et attendre qu’il y passe ?
Une réminiscence de « Titanic » me traversa soudain l’esprit. La scène où Rose tente désespérément de délivrer Jack, ...