1. Fanfreluches et clef à molette


    Datte: 11/07/2019, Catégories: nonéro, mélo, Auteur: Hidden Side, Source: Revebebe

    ... !
    
    Le pire dans tout ça, c’est qu’il y avait certainement de quoi rafistoler la génératrice sur les étagères de la zone de stockage. Quand bien même y aurais-je dégotté un groupe électrogène complet et en état de marche que je n’aurais pas été plus avancée. Autant demander à une écolière de pratiquer une intervention cardiaque avec un canif émoussé, à la lueur d’une chandelle.
    
    Déposant au passage une large traînée huileuse sur mon front, j’essuyai la sueur aigrelette qui dégoulinait dans mes yeux. La gorge serrée, j’avais à la fois envie d’éclater de rire et de me mettre à chialer. Pauvre Eva, maigre et moche, ridicule épouvantail en petite culotte et les seins à l’air, qui s’escrimait pour rien sur cette machine stupide et inerte !
    
    Vaincue, je m’adossai au mur. Cette fois, ça n’allait pas le faire…
    
    Une vision s’imposa à moi ; mon corps, en position fœtale sous un rideau de plantes jaunies, longtemps après avoir expiré ses dernières goulées d’air vicié. En l’absence de mouches, de vers et autres fossoyeurs de la nature, je fermenterai doucement dans la pénombre de la serre, avant de me momifier. Je pouvais rester allongée ainsi des millénaires, avant de me répandre en poussière grisâtre dans la pièce envahie de moisissures.
    
    N’ayant plus la force de retenir mes larmes, je me mis à pleurer sans bruit. Pour ce que ça servait…
    
    Sans le silence de mort qui régnait à présent autour de moi, je ne l’aurais pas entendu. Un choc imperceptible. Une simple vibration, ...
    ... accompagnant un son ténu. Je n’avais pas besoin de plus pour comprendre.
    
    Alain était revenu. Et, ô Surprise, il avait trouvé porte close…
    
    --<( – IV – )>--
    
    Je bondis sur mes jambes et courus le plus vite possible jusqu’à l’entrée de l’abri, ce qui n’est pas une très bonne idée dans l’obscurité quasi complète. Je faillis m’étaler deux fois, fracasser ma lampe et m’éclater le front sur le béton. Il y a un dieu pour les anorexiques privées de cervelle ; je ne récoltai qu’une vilaine écorchure au genou gauche.
    
    Au premier niveau, le son était nettement plus fort ; une sorte de raclement métallique, parfois ponctué de coups. Je ne sais pas avec quoi Alain essayait de forcer le sas, mais même avec une barre à mine, il n’entrerait pas. Privé d’alimentation, l’abri restait aussi hermétique qu’une noix. Une noix avec une herse de château fort.
    
    Banni par la volonté helvétique d’un savant à moitié timbré, le salut ne viendrait donc pas de l’extérieur.
    
    « Bravo Yann ! pensai-je. Joli coup ! Là, tu as vraiment conçu le piège parfait ! »
    
    J’entrevis soudain la raison de cette protection renforcée. Ce n’était pas uniquement pour repousser les radiations… Si l’abri était conçu comme un bastion imprenable, c’était en prévision des intrus et des pillards de tous poils ! Y’a pas à dire, le suisse aurait vraiment eu sa place dans un monde à la Mad Max. Dommage qu’il n’ait pas vécu jusque là, il se serait éclaté…
    
    Franchissant enfin la porte intérieure du sas – restée bizarrement ...
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