1. Une autre bague de fiançailles


    Datte: 24/02/2024, Catégories: cérébral, Voyeur / Exhib / Nudisme historique, historiqu, amouroman, Auteur: Someone Else, Source: Revebebe

    ... l’exposition universelle ou au théâtre, rire devant l’Arroseur Arrosé, trembler devant l’Entrée du train en gare de La Ciotat, s’extasier devant la sortie des usines des frères Lumière… On les verra même au théâtre sur les boulevards ou du côté de Joinville-le-Pont d’autant que Madame Legrand, qui garde bien évidemment un œil sur sa progéniture, le fait toutefois avec une relative discrétion.
    
    Jusqu’à ce jour où, bien évidemment, se pose la question fatidique…
    
    — Dites-moi, Antoinette, j’ai très envie d’aller demander votre main à monsieur votre père. Qu’en pensez-vous ?
    
    En guise de réponse, la demoiselle se contente d’un grand sourire… Et de tourner les talons.
    
    — Ne vous inquiétez pas, je reviens…
    
    Les heures s’égrènent, mais Antoinette ne revient pas… Ernest la cherche partout dans le voisinage, pose des centaines de questions mais ne trouve rien, personne ne l’a vue. Il se rend alors chez madame Legrand qui, on s’en doute, est également aux cent coups mais, pendant les heures et les jours suivants, ils ont beau retourner ciel et terre, s’adresser à la police et de nouveau aux voisins, leurs recherches ne donnent toujours rien.
    
    Pire encore, au fil des jours et des semaines, c’est une méfiance réciproque qui s’instaure, chacun des deux protagonistes soupçonnant l’autre d’avoir fait disparaître Antoinette pour une raison quelconque. D’ailleurs, madame Legrand finira par disparaître sans qu’ils ne se soient jamais réadressé la parole.
    
    Et les années ...
    ... passent, pendant lesquelles les multiples portraits d’Antoinette qui ornent les murs n’en finissent plus de jaunir. Ernest, durant tout ce temps, est passé par tous les états d’âme, depuis la résignation, l’espoir le plus fou ou le désespoir le plus profond. C’est d’ailleurs lors d’une de ces crises où il est totalement au fond du trou que, dans un véritable accès de démence où il est persuadé qu’Antoinette s’est moquée de lui et s’est enfuie avec un autre homme – sûrement un bien meilleur parti que lui – qu’il finit par détruire l’intégralité des portraits de sa muse disparue. Ivre de douleur, il tente tant bien que mal de remonter la pente depuis plusieurs jours lorsqu’un flic vient sonner à sa porte.
    
    — Monsieur Delagrange ?
    
    Salutations, présentation, l’inspecteur finit par sortir un petit sac de femme de sa besace.
    
    — Ce sac à main vous évoque-t-il quelque chose ?
    
    Ernest n’en croit pas ses yeux… Le sac en question a beau être dans un état pitoyable, poussiéreux, taché, à moitié grignoté par les rats et autres bestioles, il le reconnaît immédiatement.
    
    — Oui, bien sûr, s’entend-il répondre, c’est celui d’Antoinette… Mais où l’avez-vous trouvé ?
    — À quelques rues d’ici… Ce sont des ouvriers du bâtiment qui nous l’a ramené, et cela nous a aussitôt fait penser à l’inconnue du fiacre.
    — Pardon ?
    
    Et oui, n’en déplaise à certains, la police fait parfois son travail, et a réussi à reconstituer le probable déroulé des événements : Antoinette revenait d’on ne sait où ...
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