1. Une autre bague de fiançailles


    Datte: 24/02/2024, Catégories: cérébral, Voyeur / Exhib / Nudisme historique, historiqu, amouroman, Auteur: Someone Else, Source: Revebebe

    Paris, 1950. Ah, la Ville Lumière, les Champs-Élysées, Montmartre, les Folies Bergères et le Lido… Mais pour des milliers de Parisiens, en cette immédiate après-guerre et même pour ceux qui ont un travail régulier, c’est plutôt le règne du cinquième étage délabré sans ascenseur, sans eau courante, sans chauffage et avec les toilettes sur le palier. Et ce dénuement est encore un peu plus flagrant en cette fin novembre, froide et pluvieuse, comme il se doit ! Et ce d’autant que, depuis une certaine Marthe Richard, l’ensemble des établissements qui constituaient l’un des rares rayons de soleil des Parisiens – enfin, pour ceux qui s’y rendaient, peut-être un peu moins pour celles qui y résidaient – sont désormais fermés. Bref, les bordels n’existent plus !
    
    Enfin, ça, c’était la volonté officielle… Parce que la prostitution n’est pas le plus vieux métier du monde par hasard : s’il y a une offre, c’est qu’il y a une demande, et si tu éjectes le proxénétisme par la porte, tu peux être certain qu’à la première occasion, il va rentrer par la fenêtre.
    
    Et ça, Ernest le sait très bien. Pourtant, vu de l’extérieur, ce petit rade n’a rien de particulier, avec sa façade plutôt défraîchie tout juste égayée par quelques enseignes publicitaires vaguement lumineuses. À l’intérieur, il n’y a pas non plus de quoi grimper aux rideaux : l’atmosphère y est enfumée, le zinc hors d’âge, les tables de marbre aux piétements en fonte datent de Mathusalem et ses pubs qui vantent le Cinzano, le ...
    ... Pernod et le Cherry-Brandy, ont toutes connu les joies de l’occupation. Par contre, tout au fond à droite et dans une relative pénombre, quelques plus ou moins jeunes femmes aux jupes fendues un peu trop haut sirotent tranquillement leur cognac. C’est directement vers elles que notre ami se dirige, et plus particulièrement vers une petite brune piquante d’une vingtaine d’années et aux yeux noisette.
    
    — Je vous offre quelque chose à boire, mademoiselle ? dit-il d’une voix tremblante.
    
    La fille le regarde de la tête aux pieds, le sourire en coin.
    
    — Tu es sûr de toi, grand-père ?
    — Absolument, mademoiselle…
    — Appelle-moi Victorine, dans ce cas… Champagne ?
    
    Du champagne, dans un boui-boui pareil ? En fait, c’est ouvertement connu et reconnu, les filles ont pour consigne d’au maximum faire cracher au bassinet le clampin, vu que c’est à ce prix que le patron du bar accepte les tapineuses. De toute façon, et d’un point de vue légal, elles ne font rien de répréhensible dans la mesure où tout se passe dans le petit hôtel d’en face, où ces professionnelles de l’amour tarifé se font un devoir d’essorer une dernière fois les poches du client en même temps que ses baloches.
    
    Ils trinquent, mais bien vite, Ernest en vient discrètement au fait.
    
    — C’est combien, Victorine ?
    — Pour toi, cinquante. Mais je te préviens, dans une demi-heure, que tu bandes ou pas, c’est dehors… Et on paie d’avance.
    
    Il faut dire que notre ami Ernest bordure largement les soixante-quinze ans… Et ...
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