Fifty-Fifty - Histoires de Sexe

Fifty-Fifty

... n’atteins pas la moyenne, ma pauvre fille.
— Tu t’avoues vaincue ? Soumets-toi avant que je ne devienne cruelle !
— Jamais.
— Je le savais. Tu aimes trop être punie.
— Alors, pourquoi insister ? T’as pas une autre idée ?
— Jérôme, est-ce que tu m’aimes un peu ? demanda Hedia.
— Je crois bien, oui. Le « un peu » est plutôt superflu, glissa l’intéressé.
— Ah oui, c’est vrai, autant te prévenir. Tu vas découvrir ce que c’est de fréquenter un correcteur, observa Juliette. Ce sont des amants très précis.
— Et cette connasse blonde, tu l’aimes aussi ?
— J’en ai bien peur. C’est même peu dire.
— Bon. Tu penses pouvoir assurer sans favoritisme ?
— Dans l’état où vous m’avez mis, je crois pouvoir mettre la honte à Rocco en personne.
— Dans ce cas, ça change tout.
—Fifty-fifty, ma belle ? demanda Juliette.
—Fifty-fifty, ma jolie ! confirma Hedia.

Hedia relâcha son emprise, et Juliette se redressa sur le lit, sans méfiance. La brune lui appliqua aussitôt une clef de bras en riant aux éclats, la forçant à s’agenouiller sur le matelas, les reins cambrés.

— Aïe ! Non, mais ça va pas ? T’es dingue ! Tu vas pas recommencer ?
— Bouge pas, je voudrais juste confirmer un joli souvenir.

De sa main libre, elle dégagea la jupe et fit coulisser la culotte, révélant les fesses nues de Juliette, projetées en offrande. Admirative, elle émit un sifflement.

— Tout de même… Y’a pas à dire… Quel cul !
— Merci quand même, répondit la propriétaire.
— Dommage qu’elle soit une ...

... telle salope…
— Ça te dérange, toi, Jérôme ? s’enquit Juliette.
— On se fait à tout, répondit-il en haussant les épaules.

⁂

Jérôme revissa le capuchon du stylo, ferma l’enveloppe. Le bureau était rangé, l’étage dormait. Il éteignit la lampe, goûta longuement la rumeur de la ville : elle avait tant changé en 26 ans, depuis que le cheval-vapeur était devenu l’intrus à chasser. Lui était toujours le même. Dans quelques minutes, il gambaderait sur le boulevard, il traverserait la chaussée à l’aveugle, sous les protestations des pédaleurs de Vélib’ qui l’éviteraient au dernier moment.

Il rejoindrait une fille magnifique qui ne l’attendait pas, ou peut-être une autre, qu’il n’aurait pas davantage prévenue. Il frapperait à la porte, elles l’ouvriraient si elles le voulaient bien, et c’était bien cette incertitude qui envelopperait de toute sa magie ce moment-là. Rien n’était acquis, rien n’était dû. On risquerait tout, sauf de se noyer dans l’habitude. On irait vers chaque rencontre le cœur battant, on se montrerait vulnérable en s’avouant «Je n’en peux plus, j’ai tellement envie de toi », et on ne vivrait alors jamais plus que de nouvelles premières fois, sans cesse.

Elles lui avaient tout donné, elles ne lui avaient rien promis, et l’auraient-elles fait qu’il les en aurait dissuadées. Il n’était pas encore sur le déclin, elles atteignaient à peine l’apogée. Tôt ou tard, leurs trajectoires finiraient pourtant par diverger. Ou pas.

Il fallait le savoir, il faudrait ...