1. La Corotte de Tchotchon (1)


    Datte: 09/07/2019, Catégories: Inceste / Tabou Auteur: Anthynéa, Source: Xstory

    ... dimanche après la messe, fleurir le rectangle de terre encore fraiche où maman Jeanne reposait.
    
    Papa lui n’allait plus à l’église. Il se rendait à la chapelle qui se situait en face de l’édifice dédié au Seigneur et rentrait de plus en plus souvent avec le soutien de Louis. Mon frère aussi se faisait un sang d’encre. La France lui avait écrit et il allait devoir partir pour le service militaire. Les tâches de la ferme seraient de nouveau à partager. Comment s’en sortir avec du boulot par-dessus la tête et de moins en moins de bras pour l’exécuter ? D’autant que papa, s’il fréquentait le bistrot le dimanche en lieu et place de l’office… descendait de plus en plus fréquemment remplir le pichet de vin au tonneau dans la cave.
    
    Il n’y avait plus de chant à la maison. Plus de bons moments non plus. Ceux-ci s’étaient envolés avec le départ de la patronne de la ferme. Les jours heureux avaient donc pris fin, emportés au fond d’une tombe qui nous rappelait à tous que la vie pouvait être cruelle. De plus en plus souvent notre père n’était même plus capable de se rendre dans les champs. Le courage de cet homme s’effaçait rapidement, sous l’abus d’un alcool pourtant mal venu. Et l’humeur de ce père si costaud quelques mois plus tôt, changeait au gré des verres sifflés pour oublier.
    
    La situation empirait encore lorsqu’un matin de septembre Louis, sa valise à la main, prenait la direction de la gare. L’armée l’attendait et il ne pouvait pas s’y soustraire. Désormais nous étions ...
    ... seuls, papa et moi, pour gérer l’immensité des besognes qui incombait à la bonne marche de notre ferme. Les douze vaches qui constituaient notre cheptel devaient être traites le matin et le soir. Pour les repas, je devais avouer qu’ils se réduisaient au minimum. Mon père buvait surement plus qu’il ne mangeait.
    
    Papa était presque tous les soirs saoul. Il restait gentil néanmoins, ne montrant aucun signe de violences verbales ou physiques. De temps en temps mon frère écrivait et loin de nous dans un pays étranger, des relents de rébellion laissaient penser que les choses pouvaient se gâter. Je vivais donc avec une boule au ventre, les informations nous parvenant par le poste radio n’étaient guère rassurantes. Les jours s’empilaient avec une lenteur exaspérante. Le travail de la journée m’envoyait au lit le soir sans force et bienheureuse de retrouver mes draps.
    
    Entre lessive et traite des vaches, il me fallait en plus m’occuper de ce père incapable de réagir. La mort de maman nous avait tous anéantis. Pour Louis, les heurts qui secouaient notre Algérie française n’auguraient rien de bon. Alors, je priais en silence, un Dieu injuste qui nous volait notre part de bonheur. L’oreille collée à la seule source des échos de notre monde qui semblait me filer entre les pattes, mon unique distraction restait la messe dominicale et je devais m’en contenter. Monsieur le curé avait même ajouté davantage d’ouvrage à mes pauvres bras, lors de sa visite pour le dimanche du « pain béni ...
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