Un 14 juillet bleu blanc sexe
Datte: 23/11/2023,
Catégories:
fh,
ff,
collection,
revede,
massage,
Oral
pénétratio,
historique,
Auteur: Samir Erwan, Source: Revebebe
... rythme. Il me reste une bouteille de Pernod des Moustachus et je repère une hippie qui pleure, assise, les genoux contre son front, les bras autour de ses jambes, un porte-voix près d’elle, abandonné. Je m’en saisis.
Honnêtement, je ne sais plus ce que j’ai dit, mais j’ai tonné. J’ai révélé tout ce que je pensais, tout ce que j’espérais, je me sentais inspiré, un renversement de pouvoir, un projet de société. J’ai utilisé des mots dont je ne croyais pas comprendre le concept, mais en les jetant à la foule médusée devant moi, tout était clair, tout avait un sens. Stéphanie, la journaliste dont j’avais quitté le lit il y a quelques heures, était là, décoiffée et épatée, le souffle coupé devant ma harangue.
C’est tout ce dont je me souviens de ce moment.
Un collègue d’un quelconque Groupe d’affinité me tend la main :
— Donne !
Je lui lègue le Pernod et la foule le suit ; je hurle dans le porte-voix de la hippie : « Oui pasaran ! » et, comme un seul homme, comme une seule femme, la rue prend le pont, comme une flèche enfiévrée, les flics disparaissent et nous créons ce que nous appellerons plus tard : « La Trouée » – nous renommerons le nom du pont d’ailleurs ! – je me glisse dans la brèche pour atteindre la Bastille.
Rendu Rive Droite, je cours rue Crillon qui devient de l’Arsenal pour éviter la populace, mais me maudis au coin Bassompierre : on a donné mon signalement. L’Hôtel de Police du 4e est tout près et le piège est déjà posé quand j’arrive. Je tente de ...
... fuir face au régiment devant moi – je ne veux que rejoindre la Bastille ! – on me fait chuter et je suis encerclé, on me roue de coups, je ne sais plus quelles parties de mon corps protéger, les cuisses, le ventre, les côtes, le dos, les pieds ou le cou. Je me protège la tête de ces coups de pieds sous les tonnes de rires que j’entends malgré le sang qui me coule des oreilles, en gémissant. Puis un soudain silence. Je suis toujours conscient. Et en forme. Qu’est-ce que l’adrénaline peut faire ! Les bâtards qui m’ont roué de coups – « Pour faire un exemple ! » hurlaient-ils ! – sont maintenant en débandade. Des pièces d’artillerie tombent sur eux en éclat, je suis au centre de tout ce bordel, je ne sais plus où je dois aller, je tente de me relever et des bras inconnus m’aident, ils me hissent debout. Je reconnais mes alliés de différents Groupes qui se parlent par signes puis qui repartent vers de nouvelles actions à accomplir après avoir dégagé les primates casqués. Une main ferme sur mon épaule me fait retourner puis une voix douce :
— Viens avec moi !
Je la reconnaîtrai, cette voix, parmi tous les hosannas du monde. J’obtempère en tentant de courir derrière elle, je reluque son cul qu’elle a beau, mais je ne peux poursuivre, je boite. Elle revient vers moi et me soutient, bras dessus bras dessous. Aussi grande que moi, elle est forte, agile, déterminée. Une mèche de cheveux rebelle ondule en sortant des lanières de son masque. N’est-ce pas la femme que j’ai remarquée ...