Vague scélérate
Datte: 24/10/2023,
Catégories:
ffh,
vacances,
voyage,
bateau,
Oral
pénétratio,
aventure,
Auteur: Roy Suffer, Source: Revebebe
... mon tour pour essayer d’y voir quelque chose. Un éclair, rochers devant et à gauche et on va se replanter dessus. À droite, rien, apparemment. Je lâche le bastingage, c’est par là qu’il faut fuir avant la catastrophe finale. Je plonge. Le gilet de sauvetage me maintient à la surface, tête hors de l’eau, du moins de temps en temps. Tout petit bouchon flottant dans cet océan déchaîné, je ne donne pas cher de ma peau. Ma trouille est d’être broyé sur des rochers, je nage quand même de toutes mes forces pour m’en éloigner dans une direction qui me semble parallèle à celle du bateau. Il se passe des minutes, des heures peut-être, je ne sais plus, je suis épuisé. Que c’est dur de nager avec ce gilet et ces vêtements détrempés ! Je me laisse aller, abandonné à la volonté de l’océan. Ciao la vie, ce n’était pas si mal, mais bon…
L’instinct de survie me pousse à inspirer de grandes goulées chaque fois que ma tête est hors de l’eau. De temps en temps, j’en bois de bonnes rasades. Trop salée, pas bon, chef ! Et puis, première sensation. Au creux de la vague, quelque chose semble toucher mes pieds. J’attends le creux suivant, tendant bien les jambes. Yes, c’est le fond. Quoi ? Je ne sais pas encore. Je me remets à nager comme un fou jusqu’au creux suivant et là, oui, je peux me tenir debout sur un sol mou, du sable, apparemment. Je suis tellement content que je ne me méfie pas de la vague suivante qui arrive et me fauche. Pendant de longues minutes, je suis ballotté, roulé, plaqué, ...
... écrasé sur le sable. Je fuis cette flotte rageuse à quatre pattes, comme poursuivi par un fauve. Et puis pouf, plus rien, rideau…
— Hé ! Ho ! Monsieur ! Mon-sieur ! Vous m’entendez ? Réveillez-vous !
J’entrouvre les yeux. Tiens ? Un ange. Je suis bien mort alors. Bizarre, un ange qui pleure. Bon Dieu, la fille des pâtes !
— Oui… ça va… j’suis là. Et vous ? Comment ça va ?
— Mal… très mal. Ils sont tous morts, même papa. Et ma sœur est blessée. Et l’équipage ?
— Capitaine perdu en mer, matelot perdu en mer en tentant de le sauver.
— Ah oui, j’ai aperçu sa silhouette sur l’arrière et puis plus rien. C’est affreux, dit-elle en pleurant de nouveau.
Elle me prend les deux bras et me tire au sec, je baignais encore jusqu’à la taille. Balaise, la fille, pourtant très mince. Je me lève, je tiens à peine sur mes jambes et m’appuie sur son épaule. Le jour est revenu, le ciel n’est plus que gris. La mer est encore forte, mais seulement au loin, derrière une barrière de corail. J’en déduis qu’on est sur une île, un atoll sûrement, sur une plage qui pourrait être sympa, au fond d’une baie bordée par un lagon. À droite, un bloc de rochers sombres, du basalte probablement dans cette région volcanique. Et sur les rochers, le bateau planté sur son flotteur gauche, coques explosées, mât cassé. Une épave inutilisable.
— Comment ça s’est passé pour vous ?
— On était tous réunis dans la salle à manger, cramponnés aux meubles. Et puis il y a eu un premier choc, la baie coulissante ...